La personne de qualité (« Sombat Phou Di ») est un petit manuel de bienséance très populaire en Thaïlande, dont l’étude a été obligatoire à l’école pendant un demi-siècle.
De ce fait, il a marqué durablement plusieurs générations de Thaïlandais.
Il contient dix chapitres subdivisés en trois parties où sont listées de courtes règles préconisant ce que l’on devrait ou ne devrait pas faire, dire et penser pour avoir de la distinction.
Cette étiquette est d’ailleurs empreinte des règles monastiques et des préceptes philosophiques bouddhistes.
Discipline et maîtrise de soi
La lecture de ce fascicule où les thèmes de la discipline et de la maîtrise de soi sont prédominants permettra de mieux apprécier la politesse et la gentillesse légendaires des ressortissants du Royaume, voire leur obéissance inconditionnelle à l’autorité et leur manque d’esprit critique.
De nos jours, en France, la notion d’étiquette paraît être un concept démodé, voire élitiste, qui évoque la cour de Louis XIV avec ses perruques poudrées.
Ce n’est pas le cas de la Thaïlande où la bienséance (มารยาท/marayat) est omniprésente, et cela commence dès l’école où sont affichés des posters montrant comment saluer (ไหว/้ waï) ou s’asseoir selon l’âge, l’importance des personnes.
Les règles de savoir-vivre restent cruciales et il ne faut pas se laisser abuser par le fameux sourire thaï ou l’esprit festif (สนุก/sanouk) qui pourraient faire croire que la vie des Thaïlandais n’est régie par aucune règle.
Rituels de politesse et hiérarchie
Les rituels de politesse et les notions de hiérarchie (chaque chose, chaque personne a sa place) remontent à des millénaires dans toute l’Asie du Sud-Est et renvoient aux « rites » confucéens ainsi qu’à l’héritage de la cour d’Angkor.
Après la grande modernisation du royaume de Siam opérée par le roi Rama V (Chulalongkorn, rég. 1868-1910), le concept de « phou di » (ผู้ดี, littéralement « les gens bien ») a pris racine au XXe siècle dans les villes, à commencer par Bangkok, au sein d’une classe moyenne en plein essor, permettant de différencier, pour détourner une formule désormais célèbre, la Thaïlande « d’en haut » et celle « d’en bas ».
En 1912, Son Altesse Pia Malakul (un aristocrate qui a été le précepteur du roi Rama VI pendant ses études à l’étranger et aussi ambassadeur au Royaume-Uni, puis ministre de l’Éducation) fut le premier à compiler sous forme de manuel une liste de règles de bienséance dont l’enseignement a été obligatoire pendant près d’un demi-siècle à l’école.
Ce guide a été réédité de nombreuses fois et, en 1962, le propre fils de l’auteur l’a remis à jour ; depuis il est même réapparu sous forme de bande dessinée et récemment (2008) sous forme de dessin animé pour la télévision.
Exemples
Le comportement กายจริยา
- Quand vous rencontrez ou croisez une personne, ne vous en approchez pas de trop près, par politesse
- Vous n’êtes ni hautain ni présomptueux ; vous savez tenir votre rang en respectant les autres.
- Vous respectez la vie privée d’autrui et ne vous ingérez point dans ses affaires, vos manières restent polies, correctes. Ne faites pas non plus de plaisanteries, ne taquinez pas l’autre sous couvert d’amitié.
- N’ayez pas de propos blessants à l’égard des autres, ne vous moquez pas de l’apparence d’autrui, de son physique.
Le langage วจีจริยา
- Ne faites pas preuve d’indiscrétion, ne vous mêlez pas à une conversation en essayant d’évincer l’autre, de le supplanter.
- Parlez doucement ; le ton de la voix ne doit pas être trop élevé.
- Il faut éviter de crier, de prendre un ton menaçant, de parler d’un ton sec, d’agresser l’autre verbalement.
- Évitez de choisir des mots ou expressions impudents. N’essayez pas d’avoir la main haute, de parler avec entêtement.
- Veillez à ne pas utiliser des expressions ou propos discourtois, frustes et vulgaires.
Extrait de « Reflets de Thaïlande »
http://refletsdethailande.blogspot.fr/