Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej, roi de Thaïlande, fêtera demain son 87e anniversaire : le vendredi 5 décembre est donc un jour férié dans tout  le royaume, qui est aussi le jour de la fête des pères.

Souverain constitutionnel, chef de l’État et protecteur des religions de Thaïlande, le Roi Bhumibol Adulyadej est le plus ancien monarque en exercice dans le monde.

Le 9 juin 2014, le roi a fêté ses 68 ans de règne sur la Thaïlande : il est le plus ancien chef d’État en exercice, toutes nations confondues. Cela signifie que 92% des Thaïlandais vivant aujourd’hui en Thaïlande sont nés, et ont vécu toute leur vie sous le règne du roi Bhumibol.

Dans toute la Thaïlande les façades des maisons, des édifices publics et bureaux seront ornés de décorations et de photos du monarque régnant. À Bangkok, la zone comprise entre le Chittlâdâ Palace, l’Assemblée Nationale et le Grand Palais sera le théâtre de nombreuses manifestations.

L’année dernière, le roi s’était déplacé à Hua Hin pour fêter son anniversaire en raison des nombreuses manifestations qui se déroulaient dans Bangkok.

Hommages bouddhiques mais aussi films et spectacles en plein air, danses et concerts, feux d’artifices et de nombreuses autres surprises animeront ce jour férié cher au cœur des Thaïlandais qui est aussi celui de la Fête Nationale et de la Fête des Pères.

Une sorte de demi dieu

La vénération du peuple thaïlandais pour leur roi est en grande partie la conséquence de l’autorité morale que le roi Bhumibol Adulyadej a gagné durant son règne. Dans le même temps, elle est enracinée dans les attitudes qui peuvent être retracées aux premiers jours de la Thaïlande comme un État-nation, et dans certains des monarques du passé qui continuent à servir de modèles pour la royauté.

Le couronnement du roi Rama IX en 1950
Le couronnement du roi Rama IX en 1950

Le roi est littéralement considéré comme une sorte de demi dieu, incarnation vivante des vertus bouddhistes.

Lors de ses rares apparitions en public, les personnes présentes sur son passage se prosternent face contre terre, et au début de chaque séance de cinéma ou de concert, l’hymne royal retentit dans la salle accompagné d’un court métrage à la gloire du souverain. Tout le monde doit se lever en signe de respect pour le roi, et ceux qui s’aventureraient à  rester assis s’exposent à des graves sanctions.

Un destin historique exceptionnel

Pourtant rien ne laisser présager dans la jeunesse du roi l’annonce d’un destin historique exceptionnel, car le trône de la Thaïlande devait d’abord revenir à son frère aîné Ananda.

Le roi Bhumibol Adulyadej est né le 5 décembre 1927 (87 ans cette année) à Cambridge (Massachusetts , États-Unis) où son père, Mahidol Adulyadej, prince de Songkla, étudiait la médecine. Il a été couronné en 1950 sous le nom dynastique de Rama IX. Il est donc le neuvième roi de la dynastie des Chakri, fondée en 1782, prenant la succession des rois d’Ayutthaya défaits par les Birmans.

Ce changement dynastique fut aussi l’occasion de la fondation de Bangkok comme capitale du royaume. Les rois Chakri prirent le nom dynastique de « Rama » : comme neuf d’entre eux se sont succédé sur le trône depuis 1782, le Roi Bhumibol Adulyadej a donc le nom dynastique de Rama 9.

L’accession au trône du roi Bhumibol en 1950 doit beaucoup aux circonstances historiques et au hasard : c’est en fait son frère aîné,  Ananda Mahidol (20 septembre 1925 – 9 juin 1946) qui aurait du occuper le trône. Couronné en 1935 à l’age de 9 ans, alors qu’il était en Suisse avec son plus jeune frère, Rama 8 n’est rentré en Thaïlande qu’en décembre 1945 : mais six mois plus tard en juin 1946, il décède dans son lit après avoir été mortellement blessé par une arme à feu.

Les circonstances de la mort de Rama 8 n’ont jamais été clairement élucidées. C’est donc de façon inattendue que son jeune frère le prince Bhumibol lui succède le 9 juin 1946. Après une période de régence pendant laquelle il termine ses études en Suisse, il revient en Thaïlande en 1950 pour se marier avec la princesse Sirikit Kitiyakorn et pour être couronné.

Une santé vacillante

L’Etat de santé du roi est toujours un sujet délicat sur lequel l’information circule peu : les apparitions publiques du souverain sont de plus en plus rares, et il a élu domicile à l’hôpital Siriraj de Bangkok depuis plus de cinq ans. La succession du monarque reste aussi un sujet à éviter publiquement, même si l’héritier de la couronne a officiellement été désigné en la personne de son fils, son altesse royale le prince (héritier) Maha Vajiralongkorn, né le 28 juillet 1952.

La loi sur les successions proclamée en 1924 par le palais, et consacrée dans les Constitutions suivantes, suit le principe de la primogéniture, ce qui signifie que le prince héritier Vajiralongkorn est l’héritier désigné du roi Bhumibol, et que ses propres fils devraient hériter du trône après lui, par ordre d’ancienneté.

Il est difficile d’en savoir davantage sur cette question dont les médias thaïlandais ne parlent pas à cause des lois de lèse-majesté qui sanctionnent très sévèrement (jusqu’à 15 ans de prison) tout propos tenu sur la monarchie considéré comme une offense.

Une censure omniprésente

Pour ne pas prendre de risque, les problèmes personnels du prince héritier ne sont jamais abordés dans les médias. La frontière en ce qui constitue une offense de lèse majesté, et une simple information est très floue : par exemple évoquer le poids de la monarchie dans la politique est considéré comme offense. De même les déboires personnels et familiaux du prince héritier, font partie des sujets à aborder de manière circonspecte.

On sait cependant que le prince a été marié trois fois  et qu’il a quatre fils de son second mariage, qu’il a désavoué en 1997 quand il a rompu tous les liens avec leur mère, Yuvadhida Polpraserth. Le prince héritier a déclaré que ses quatre fils, exilés aux Etats-Unis et bannis de Thaïlande, avaient renoncé à tous leurs titres royaux.

Il a également un fils avec son épouse actuelle, la princesse Srirasmi, qui pourrait prétendre à la succession le moment venu.

Mais la semaine dernière, l’actualité royale de la Thaïlande a pris un tour inattendu alors que la princesse Srirasmi, l’épouse du prince héritier Vajiralongkorn de la Thaïlande, a été déchue de son « nom » royal,  le nom Akrapongpreecha, qu’il lui avait été attribué en 2001 après avoir épousé le prince.

Sept membres de sa famille ont été arrêtés et accusés d’avoir abusé de leur statut royal pour s’enrichir illégalement et effectuer de nombreux abus.

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