La visite d’Hillary Clinton en Thaïlande, la secrétaire d’État du nouveau président des États Unis, revêt une importance particulière, car les deux pays alliés de longue date, sont l’un comme l’autre à la recherche d’une redéfinition de leurs relations mutuelles.

Hillary Clinton aura sans doute l’occasion de clarifier certains points restés en suspens sous la précédente présidence. George W. Bush avait consacré beaucoup de temps, et d’argent, à sa «guerre contre le terrorisme», entrainant un cout élevé pour les finances et la crédibilité américaine – mais aussi pour son allié stratégique en Asie du Sud Est, la Thaïlande. Bangkok aura été un allié réticent des campagnes militaires américaines, en fournissant un petit nombre de troupes a la coalition des volontaires en Irak, tout en permettant l’accès des avions américains a ses base aériennes pour la campagne d’Afghanistan.

Les liens historiques sont anciens entre la première puissance mondiale, et son principal allié dans la région du Sud Est asiatique. La Thaïlande est devenue un allié officiel des États-Unis avec la signature de l’Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est (OTASE) en 1954 dont le siège se trouvait a Bangkok. L’organisation était alors un des instruments de la politique américaine contre l’expansion du communisme en Asie du Sud suite à la guerre d’Indochine. Par la suite, la Thaïlande passera un accord secret avec les États-Unis en 1961, enverra des troupes au Vietnam et au Laos et autorisera les États-Unis à installer des bases aériennes dans l’est du pays (dont la principale est celle d’Udon Thani), d’où décolleront les bombardiers B-52 qui bombarderont le Nord Vietnam.

Thaïlande et États-Unis: vers une nouvelle donne ?

Récemment ce passé, et les liens étroits qui unissent les forces armées et les services spéciaux des deux pays, ont refait surface à l’occasion des révélations sur les prisons clandestines de la CIA. Même si les gouvernements successifs de Bangkok l’ont toujours démenti, la Thaïlande a très probablement hébergé des prisons secrètes de la CIA, où des terroristes présumés en provenance des pays tiers ont été détenus, et apparemment torturés. Ces graves accusations, ont été révélées pour la première fois dans un article du Washington Post dès 2006, et plus tard confirmées par des responsables américains, lors de la controverse qui a éclaté sur l’usage de la torture sur des personnes soupçonnées de terrorisme. L’affaire remonte certes à l’époque du gouvernement Thaksin, aujourd’hui banni en Thaïlande, mais elle est tout de même très embarrassante pour le royaume, qui gagnerait sans doute à une clarification de ses relations avec son puissant allié.

La même réflexion vaut sans doute pour les relations économiques entre les deux pays : avec la crise économique, la Thaïlande a pu mesurer les limites d’un modèle de croissance trop dépendant des exportations. Malgré cela  la Thaïlande est répertoriée par les États Unis depuis 2007 sur leur “liste de surveillance”, qui énumère un certain nombre de pays soupçonnés de ne pas respecter les règles de propriété intellectuelle. Cette liste ne comprend que 9 pays en plus de la Thaïlande (Chine, Venezuela, Russie, Égypte, Argentine, Chili, Israël, Liban, Turquie, Ukraine) et cette classification a depuis le début été considérée comme injustifiée par le gouvernement thaïlandais. Mais pour le moment, et malgré quelques efforts récents, la Thaïlande reste toujours susceptible de demeurer sur la “US-Priority Watch List (PWL)”, concernant les infractions au droit de propriété et les ventes de contrefaçons. Selon un rapport de l’International Intellectual Property Alliance (IIPA) les pertes commerciales dues à des infractions au droit d’auteur en Thaïlande à s’ élèvent a 219,7 millions de dollars par an.

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