Le Cambodge a décidé de fermer le temple de Preah Vihear, en invoquant la crainte de manifestations de mécontentement coté Thaïlandais. L’actuel gouvernement de M. Samak ayant été critiqué par l’opposition en Thaïlande pour avoir accepté trop rapidement le plan de partage du Cambodge, ouvrant la voie au classement du temple au patrimoine de l’humanité.
La question du temple de Preah Vihear, situé sur la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, a été un point important soulevé hier par les sénateurs au cours du débat pendant lequel le Premier ministre Samak Sundaravej et son gouvernement ont été accusés d’avoir une position trop conciliante envers les Cambodgiens. Le cabinet du gouvernement thaïlandais a en effet validé le plan du temple de Preah Vihear présenté au début du mois de juin par le Cambodge, levant ainsi le dernier obstacle à l’inscription du site sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité.
Le plan validé par le gouvernement thaïlandais n’inclut que le temple de Preah Vihear excluant une zone adjacente de 4,6 km2 initialement mentionnée dans un premier document, et refusé par la partie thaïlandaise. Le gouvernement thaïlandais faisait de la restitution de cette zone frontalière une condition pour lever son veto à la demande du Cambodge.
Environ 200 manifestants se sont réunis coté thaïlandais près du temple hier, pour protester contre Phnom Penh, renforçant les inquiétudes des fonctionnaires cambodgiens, qui ces dernières semaines, ont constaté de plus en plus de protestations en Thaïlande contre l’inscription du temple au patrimoine de l’humanité. Les fonctionnaires cambodgiens ont déclaré que le temple, connu sous le nom de Khao Phra Viharn en Thaïlande, sera de nouveau ouvert aux touristes lorsque les rassemblements de protestation auront cessé.
Le Cambodge avait déposé en 2005 une première demande de classement du temple de Preah Vihear, qui avait été rejetée en raison de l’opposition thaïlandaise portant sur un différend frontalier. La propriété du temple a été officiellement attribuée au Cambodge, il y a environ un siècle en 1904. Mais en 1954, peu de temps après l’indépendance du Cambodge, les forces thaïlandaises avaient occupé le temple. En réponse, le Cambodge a porté l’affaire devant les tribunaux internationaux et a obtenu gain de cause.
Mais les autorités thaïlandaises ont fait valoir que la frontière était censé suivre la ligne des bassins versants de la montagne, et que selon cette règle le temple leur appartenait. Le tribunal international de La Haye a finalement statué contre la Thaïlande en 1962 et la Thaïlande a retiré les troupes, mais aujourd’hui le conflit entre les deux voisins rebondit car le Cambodge demande le classement de Preah Vihear au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. Peut être une façon de s’assurer que la Thaïlande a bien remisé ses tentations annexionnistes au placard.
La soudaine décision du Cambodge de fermer le temple, dont l’accès s’effectue en fait coté thaïlandais, s’explique par un précédent : en janvier 2003, des émeutes avaient éclaté à Phnom Penh où une fausse rumeur prétendait qu’une actrice thaïlandaise avait affirmé qu’Angkor Vat appartenait à la Thaïlande. L’ambassade de Thaïlande ainsi que divers centres d’intérêts thaïlandais avaient été mis à sac dans la capitale cambodgienne.