Le développement de l’art en Thaïlande est intrinsèquement lié au bouddhisme. Parmi les formes d’arts classiques, la sculpture et la statuaire bouddhistes sont celles qui ont le mieux résisté aux siècles de conflits entre les royaumes thaïs et leurs voisins, et qui permettent de mieux comprendre l’évolution de l’esthétique thaïlandaise.
La représentation du Bouddha sous forme de statue est omniprésente dans les maisons, commerces, bureaux, voitures et temples du pays.
Faire offrande de fleurs, de nourriture et d’encens aux statues du Bouddha est la façon la plus courante pour un laïc de rendre hommage aux enseignements bouddhistes. Comprendre la Thaïlande Guides de voyage Ulysse
La création de ces statues est également considérée comme un geste méritoire par l’artiste, qui ne cherche pas à exprimer sa personnalité mais plutôt à perpétuer fidèlement une tradition artistique.
La statuaire de l’époque de Sukhothai est probablement la plus représentative de l’originalité thaïlandaise, le Bouddha y étant représenté avec des traits fins, légèrement androgynes, et aux proportions exagérées.
Les postures du Bouddha
Les statues du Bouddha, faites de bois, de pierre, de métal ou d’argile, le représentent assis, debout, couché sur le côté ou marchant. À chacune de ces postures s’ajoutent diverses positions précises des doigts et des mains, les mudra, qui symbolisent un aspect de la vie ou des enseignements du Bouddha.
Dhyani mudra
Le Dhyani mudra est la posture de la tranquillité, de la concentration et de la méditation. Les yeux clos, le Bouddha assis pose la main droite sur la main gauche, toutes deux dans le giron, les paumes tournées vers le ciel.
Cette posture est utilisée couramment par les moines et les adeptes de la méditation, car elle procure une stabilité au corps permettant à l’esprit de se concentrer.
Mucalinda
Plusieurs statues représentent le Bouddha dans cette posture, assis sur le corps d’un serpent dont les multiples têtes le surplombent. Selon la légende, cette créature mythique du nom de Mucalinda protégea ainsi le Bouddha lors d’une terrible tempête.
Bhumisparsha mudra
Le Bhumisparsha mudra est la posture dans laquelle, assis, le Bouddha touche le sol avec l’extrémité des doigts de la main droite, alors que sa main gauche repose au centre sur ses jambes.
Cette posture symbolise la victoire du Bouddha contre Mara, la représentation du mal, et la prise à témoin de la déesse de la terre, Sthâvarâ, attestant de son atteinte de l’Illumination, sous l’arbre de la Bodhi (un ficus religiosa) à Bodhgayâ, en Inde.
Abhaya mudra
L’Abhaya mudra est une représentation du Bouddha la main levée, la paume de face et les doigts unis. Le Bouddha, en position assise, debout ou marchant, offre par ce geste une protection et un apaisement à ceux qui le rencontrent. Ce mudra symbolise l’absence de peur et la paix découlant de l’illumination.
Vitarka mudra
Le Vitarka mudra est une posture dans laquelle le Bouddha, la main droite levée, unit le pouce et l’index en formant un cercle, et pointe les autres doigts de la main vers le ciel. Cette posture symbolise l’enseignement de la doctrine bouddhiste, ainsi que la discussion et les arguments de nature intellectuelle qui s’en suivent.
Bouddha couché
Certaines des statues les plus spectaculaires du Bouddha le représentent couché sur le côté, la tête reposant sur sa main droite. Cette posture rappelle le dernier moment de la vie physique du Bouddha, quand, à l’âge de 80 ans, il quitte ce monde et atteint le parinirvana, ou le « nirvana final ».
Olivier Girard – Illustrations d’Emmanuelle Bouet
Texte extrait de Comprendre la Thaïlande, d’Olivier Girard, publié aux Guides de Voyage Ulysse.