L’alliance du peuple pour la démocratie ( People’s Alliance for Democracy), coalition anti Thaksin, appelle à une grande manifestation dimanche prochaine dans le centre de Bangkok, autour du Democracy Monument pour protester contre une éventuelle modification de la Constitution thaïlandaise.

En apparence rien n’a changé en Thaïlande : des élections démocratiques ont bien eu lieu l’année dernière et mis en place un nouveau gouvernement qui a consacré la victoire du PPP, c’est à dire des partisans de Thaksin. Mais la Thaïlande n’en a pas fini pour autant avec l’instabilité et les rumeurs de coup d’Etat. Dans les coulisses, la bataille fait rage avec comme enjeu, une très contestée réécriture de la Constitution écrite par les militaires en 2007.

La coalition qui avait pris la tête du mouvement anti Thaksin en Thaïlande pendant le printemps 2006 demande aussi aux manifestants de prendre une copie de leur carte d’identité pour signer une pétition contre la réforme de la Constitution votée par les militaires en 2007, et pour la démission de plusieurs ministres de l’actuel gouvernement.

Car même s’ils ont retrouvé le pouvoir, les partisans de Thaksin n’ont pas vraiment digéré l’exclusion de 111 anciens membres du TRT (Thai Rak Thai, ex parti de Thaksin qui était au pouvoir avant le coup d’Etat), aujourd’hui interdits de toute activité politique pour cinq ans.

L’actuel gouvernement prévoit de supprimer dans la Constitution les deux articles qui ont servi de base légale à ces condamnations, pour pouvoir procéder à de nouvelles élections, avec la participation des excommuniés du TRT (qui se présenteraient sous la bannière du PPP, bien entendu). Le procédé n’est pas d’une très grande finesse, mais semble juridiquement faisable. En revanche, il est peu probable que les milieux (proches de l’armée) qui ont été à l’origine du coup d’Etat acceptent sans broncher une telle humiliation, puisque cela reviendrait à réinstaller dans leurs privilèges tous les anciens cadres (ou complices, selon le point de vue) de l’ex administration Thaksin.

La précipitation du (PPP) visant à soulager la constitution de deux articles qui ont pour seul objet de condamner l’achat des voix et la corruption des hommes politiques, a évidemment un coté suspect. Selon certains observateurs, elle risque de déclencher une crise politique qui pourrait conduire à un autre coup d’Etat militaire en Thaïlande. De ce point de vue, on peut se poser des questions sur la sincérité des déclarations de Thaksin affirmant qu’il ne souhaitait plus faire de politique. Il est difficile de ne pas soupçonner l’influence de l’ex premier ministre derrière toutes ces manœuvres, qui portent un préjudice à la Thaïlande, car l’instabilité politique fait fuir les investisseurs.

Un autre objectif du PPP est aussi la suppression de l’article 309, qui soutient les actions de la Commission de contrôle des actifs dans les enquêtes sur les accusations de corruption contre M. Thaksin et de certains de ses ministres et proches (notamment sa femme). Bien entendu le PPP a fermement démenti que ces questions soient à l’origine de sa volonté de promulguer une nouvelle Constitution, mais en tentant de s’opposer aux procédures en cours contre Thaksin, l’actuel gouvernement risque de heurter de front la coalition de milieux conservateurs qui a soutenu le coup d’Etat de septembre 2006.

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