L’ hypothèse d’un coup d’Etat judiciaire pour mettre fin au gouvernement actuel est de plus en plus probable, alors qu’à l’issue de plus de quatre mois de crise politique aucune négociation ne semble possible entre l’opposition et le gouvernement.
L’invalidation des élections législatives du 2 février dernier par la commission électorale offrait pourtant une porte de sortie, en donnant la possibilité au gouvernement d’organiser de nouvelles élections. Il n’en est rien, ni le PDRC, ni l’Union pour la Démocratie contre la Dictature (UDD), proche du gouvernement, ne reconnaissent la légitimé d’une telle décision.
Le processus électoral bloqué
De son côté le PDRC a même annoncé qu’il boycotterait les prochaines élections législatives si elles ont lieu. Énième signe que la phase de dialogue est terminée, et que seul le départ de Yingluck Shinawatra semble être en mesure de débloquer la situation.
Le deux camps ont d’ailleurs annoncé de nouvelles manifestations : le samedi 29 mars le PDRC a manifesté dans Bangkok, et le 5 avril l’UDD a prévu une grande journée nationale de mobilisation. L’armée craignant des violences a enjoint les leaders des deux parties à maintenir l’ordre dans les rangs des manifestants afin d’éviter toute confrontation.
« Si les deux camps s’affrontent, des morts et des blessés seront comptabilisés des deux côtés et personne ne gagnera quoi que ce soit. Personne ne gagnera… »
a déclaré le 27 mars le Général Prayuth dans le Bangkok Post.
Un gouvernement intérimaire en suspens
Depuis la dissolution du Parlement le 9 décembre 2013 le gouvernement de Yingluck est qualifié d’intérimaire : il ne dispose que des pouvoirs nécessaires pour expédier les affaires courantes, mais privé du pouvoir législatif, il ne peut pas prendre de décisions importantes.
La Première ministre est aussi fragilisée depuis que la Commission nationale anti-corruption (NACC), a décidé d’ouvrir une procédure à son encontre pour mauvaise gestion financière dans le plan de subvention du riz.
Mme Yingluck Shinawatra doit comparaître ce lundi devant la NACC : si elle est inculpée elle pourrait être relevée de ses fonctions par un vote du Sénat.
Si la Première ministre est destituée, un gouvernement par intérim neutre serait probablement alors désigné. D’anciens ministres « centristes » de précédents gouvernements, des généraux, ainsi que des membres du Parti Démocrate se verraient donc potentiellement propulsés à la tête de l’Etat.
A ce jeu, seul l’armée semble pouvoir tirer un quelconque intérêt de la situation. Récemment Mr.Nattawut, leader de l’UDD, avait évoqué l’actuel Chef des Armées, le général Prayuth, comme l’un des neuf potentiels Premier ministre neutre par intérim.
Même si ce dernier avait mis en garde contre de tels propos, c’est tout de même le signe que l’armée est une institution qui a conservé une influence politique importante en Thaïlande.
Dans l’attente des résultats de l’enquête de la Commission nationale anti-corruption (NACC), chaque partie semble se préparer à un potentiel « coup d’Etat judiciaire ».
4 comments
Article intéressant .j’aurai aimé avoir la confirmation de la façon dont sont nommés les juges de toutes ces commissions et surtout par qui ??
On ne parle pas bien entendu de la farce concernant la « nomination » des sénateurs!!!!!
Bien sur tous ces magistrats sont bien loin de toute indépendance financière et politique surtout depuis le coup d’état de 2006 .
Le terme « coup d’état permanent judiciaire « me parait plus approprié.
Il sera difficile pour ce magnifique pays de vivre avec un soupcon de démocratie et par la volonté du peuple.
Le bruit -en plus feutré- des bottes est de retour.
bonjour
pourquoi un college de magistrats serait affublé du qualificatif de « garde d’un etat de droit » ……c’est egalement une question que le peuple de France est en droit de se poser…………Un premier ministre est elu, pas un juge d’instruction, ni le batonnier du TGI
Maintenant, l economie Thai tourne au ralenti, les hotels voient leur remplissage fondre…………………l
comme le terme « coup d’état judiciaire » est amusant!
depuis quand une décision de justice équitable, raisonnée de magistrats indépendants du pouvoir (ou de l’opposition) serait affublée du qualificatif dictatorial de « coup d’état »
décidément le journalisme ne sait plus comment tourner la langue française autrement que pour servir des ego-désirs
La Thailande ne sera jamais etre un pays démocrate … dommage .
Un groupe d’hommes faisant partie d’un clan gardé font la pluie et le beau temps comme bon leur semble . Le peuple Thai n’a aucun mot à dire meme par les urnes .
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