Dans le monde entier le « pays du sourire » est connu pour son hospitalité, sa culture millénaire, mais aussi pour sa gastronomie inventive et riche en saveur.
Mais la Thaïlande pourrait bien aussi devenir un pays mondialement reconnu pour sa consommation importante de produits alcoolisés.
C’est ce que montre en tout cas une récente étude de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) sur l’année 2013.
Le royaume des buveurs
La Thaïlande se place comme le 1er pays consommateur d’alcool en Asie du Sud-Est devant le Laos et les Philippines. A l’échelle de l’Asie, la Thaïlande dépasse même le Japon qui possède une sérieuse réputation dans la consommation d’alcool fort comme le cognac ou autre whisky.
Sur les 67 millions d’habitants que compte le Royaume, près de 26 % des plus de 15 ans (soit 17 millions d’habitants) consomment de manière régulière une boisson alcoolisée.
Etre consommateur régulier n’est pas une mince affaire en Thaïlande. Ces derniers consomment en moyenne 7,1 litres d’alcool pur chaque année (presque 1,5 fois le volume sanguin d’un homme !!).
Cela représente quelques 226 bouteilles de bières sur l’année, ou 25 bouteilles d’alcool (whisky ou vodka), un chiffre impressionnant.
Comme dans le reste du monde être un consommateur régulier est souvent un affaire d’homme, à eux seuls ils représentent 14 millions des personnes concernées contre seulement 3 pour la gente féminine.
Le problème de l’alcool en Thaïlande n’est pas un fait nouveau. En 2011, une précédente étude de l’OMS avait déjà fait écho de près de 15 millions de consommateurs réguliers (soit déjà 23 % de la population).
Les régions du Nord et de Nord-est sont les plus alcoolisées
L’alcool : une affaire d’argent qui toucherait essentiellement les riches de la capitale, et les fêtards des grandes lieux touristiques du pays (Phuket, Pattaya…) ?
Il n’en est rien. Dans les faits ce sont les régions du Nord et de Nord-est (Isan) qui sont les plus touchées par le phénomène.
A titre d’exemple, la région de l’Isan compte à elle seule près de 40% des consommateurs thaïlandais régulier soit près de 6,7 millions de personnes.
La pauvreté liée au sous emploi est l’une des principales raisons de ce taux si important. Il n’est pas rare que les jeunes sans réelle perspectives soient tentés par cette échappatoire, les autres ayant déjà désertés les champs pour Bangkok et ses lumières.
Sur ce terrain les thaïlandais sont assez proches de leurs amis européens. En France les régions les plus touchés par l’alcool, sont celle où le chômage est le plus élevé.
Par ailleurs les populations paysannes locale sont coutumières de la fabrication d’alcool « maison » à base de riz, avec un degré d’alcool important. La fabrication de l’alcool et donc sa consommation est quasi une « institution familiale ».
La pratique religieuse tout comme les fêtes annuelles sont aussi autant d’occasion pour consommer, et ce dès le plus jeune âge.
« Les Thaïlandais n’ont pas l’habitude de fêter le carême bouddhique (de juillet à octobre), Songkhran (le nouvel an thaïlandais), ou encore le nouvel an chinois en buvant de l’eau »
citait le président de l’association Stop Drink en 2011.
L’alcool, un phénomène jeune
C’est un phénomène qui inquiète le plus les Thaïlandais comme le reste du monde. L’alcool touche de plus en plus les jeunes à la campagne comme dans les villes. Le gouvernement s’inquiète de ce phénomène qui cause des problèmes de santé publique mais aussi des pertes financières, dégradation de matériels urbains pour ne citer que cela.
Mais la Thaïlande se montre impuissante, en 2011, 3 millions d’adolescents ou de jeune adultes étaient considérée comme alcooliques dans le pays, chiffre encore en augmentation.
Ainsi après un record sur le terrain des accidents de la route (3ème pays le plus meurtrier), le royaume peut afficher une nouvelle mais triste performance à son palmarès. Une pôle position qu’elle risque de garder quelques années…