Pendant la Saint Valentin, tout n’est pas si rose en Thaïlande. Cette fête commerciale qui fait roucouler les amoureux et fleurir des petits cœurs roses un peu partout, renvoie à un problème bien plus sérieux qui inquiète les autorités : les grossesses non désirées chez les adolescentes.
Ce problème récurrent en Thaïlande touche de plus en plus de jeunes adolescentes, voire pré-adolescentes, qui voient en la Saint Valentin l’occasion rêvée de franchir le cap avec leur cher et tendre.
Certains vont même jusqu’à remplacer Valentine’s Day par « Losing Virginity Day », tant ce jour est important pour certaines adolescentes qui semblent pressées de se débarrasser de leur virginité.
Un taux anormalement élevé de grossesses chez les mineures
L’an dernier, la Thaïlande a enregistré un taux de grossesse de 54 pour 100.000 jeunes filles de moins de 18 ans – un rapport beaucoup plus élevé que la moyenne de l’ Organisation mondiale de la santé de 15 pour 100.000 – selon Mathurada Suwannapho, directeur de l’Institut de la santé mentale de l’enfant et de l’adolescent Rajanagarindra.
D’après un sondage réalisé par l’Université Assumption, un adolescent sur cinq va probablement avoir un rapport sexuel le jour de la Saint Valentin.
Cela pourrait être anodin si cette attitude n’impliquait pas tant de grossesses non désirées chez des filles de moins de 15 ans en Thaïlande. Selon un rapport du Département de la Santé Thaï, 3725 filles de moins de 15 ans ont donné la vie en 2012.
Le sexe reste un sujet tabou en Thaïlande
Le manque d’éducation sexuelle à l’école et dans la vie quotidienne des adolescents pose un réel problème de société. Un vrai paradoxe qui tranche avec l’image permissive que renvoie la Thaïlande dans les médias. Au royaume du Siam l’évolution des moeurs n’a pas suivi le développement économique, et la société thaïlandaise reste au fond très conservatrice.
Dans ce pays qui est plutôt ouvert et dans lequel la femme est assez libre, le sexe reste un sujet très tabou, et les adolescents ont souvent du mal à poser des questions ou aborder le sujet avec leurs parents.
Ce sont autant de problèmes pour les adolescentes et leur famille. L’avortement en Thaïlande n’étant pas autorisé, les jeunes filles se retrouvent obligées de garder l’enfant ou d’avorter clandestinement dans des conditions sanitaires qui laissent à désirer, mettant en péril la vie de la mère.
Les adolescentes doivent également quitter l’école et mettre leur avenir de côté. Les cas d’abandon sont également très fréquents dans le cas de grossesses non désirées chez les adolescentes, ce qui ne fait qu’augmenter le nombre d’orphelins dans le pays.
Une application pour pallier le manque d’éducation sexuelle
Encore plus inquiétant, le SIDA est devenu la deuxième cause de mortalité de la jeunesse Thaïe, selon une étude publiée dans le journal de l’université royale des pédiatres de la Thaïlande. En effet, l’utilisation de préservatifs ou autres moyens de contraception est trop peu répandue chez les jeunes.
Mais les initiatives pour aider à l’éducation sexuelle des jeunes commencent à se mettre en place. En effet, Thai Health Promotion Foundation vient de créer une application IOS destinée à sensibiliser à la sexualité sans risques. Me Sex (signifie « avoir des relations sexuelles ») fournit toutes les informations qu’il faut connaître sur le sexe : infections sexuellement transmissibles, grossesse, viol, contraception… Les utilisateurs peuvent également poser des questions et communiquer entre eux via un forum.
Si le pays semble faire des efforts, le combat est loin d’être gagné et ce sont certainement les enseignants et les parents qui ont maintenant les cartes en main pour sensibiliser les jeunes à la sexualité.
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