Le sud de la Thaïlande est le théâtre d’une silencieuse mais cruelle escalade de la violence, depuis quelques mois. Depuis le début de l’année scolaire thaïlandaise (qui commence en mai) cinq enseignants ont été abattus dans les provinces à majorité musulmane proche de la frontière avec la Malaisie

Les militants islamistes sont considérés comme directement responsables de la mort de 115 enseignants, et d’avoir blessés plus de 100 autres depuis le début de 2004, et d’avoir incendié plus de 200 écoles dans la même période, a déclaré l’ONG américaine Human Rights Watch.

Une nouvelle flambée de la violence a commencé après le meurtre de 10 musulmans dans une mosquée de Narathiwat le 8 juin dernier. Depuis le début de ce mois, 36 personnes ont été tuées et plus de 100 autres ont été blessés dans des actes de violence dans le sud.

Depuis le début de l’insurrection, il y a cinq ans, les analystes ont cherché à identifier les principales motivations d’une violente rebellion qui a fait plus de 3400 morts.

Une étude, réalisée par l’International Crisis Group, permet d’apporter quelques éléments de réponses : elle décrit un mouvement de combattants musulmans d’origine malaise qui cherchent l’indépendance de la Thaïlande. Leur mouvement s’appuie sur un ressentiment de longue date envers la majorité bouddhiste thaïlandaise.

Les insurgés dans le sud de la Thaïlande recrutent au moyen d’un réseau d’écoles islamiques, mais leur mouvement ne semble pas être lié à Al-Qaida ou d’autres groupes islamistes, selon cette étude. Le Crisis Group a déclaré que le rapport était fondé sur 16 mois d’entretiens avec des professeurs de religion et des étudiants, impliqués dans des activités souterraines.

Un groupe connu sous le nom de Front Coordonné révolutionnaire national, (National Revolutionary Front-Coordinate)  est la force principale dans le recrutement estimé entre 1800 et 3.000 combattants enrôlés parmi plus de 100.000 étudiants islamiques dans le sud de la Thaïlande.

« La classe est le premier point de contact. Les recruteurs invitent ceux qui semblent prometteurs parmi les pieux musulmans de bonne moralité, à se joindre à des programmes extrascolaires d’endoctrinement dans les mosquées, déguisés en entrainement de football. »

La violence dans le sud de la Thaïlande a été éclipsé ces dernières années par la crise politique dans le pays, mais demeure un des conflits ethniques les plus meurtriers et insolubles de la région. Les islamistes du sud de la Thaïlande recrutent dans les écoles coraniques

Les victimes des attaques sont souvent des bouddhistes, notamment des enseignants et des fonctionnaires, mais plus de la moitié des personnes tuées au cours des cinq dernières années étaient aussi des musulmans, de nombreux désignés par les insurgés comme des collaborateurs ou des espions travaillant pour le gouvernement thaïlandais.

Jusqu’à ces dernières semaines la répression des militaires thaïlandais semblait avoir réussi à contenir de manière provisoire la violence dans la région. Mais les tensions ont à nouveau éclaté quand un groupe d’hommes armés et masqués ont ouvert le feu sur une foule de fidèles devant une mosquée, tuant 10 personnes et en blessant grièvement 12, le 8 juin dernier.

Les insurgés utilisent les mêmes méthodes dans leur recrutement – prestation de serment, endoctrinement entraînement militaire – que d’autres groupes djihadistes. Mais la différence dans le sud de la Thaïlande, selon le rapport de Crisis Group, est que les recruteurs « font appel au nationalisme malais et à l’oppression des musulmans par les dirigeants bouddhistes thaïlandais  » plutôt que d’invoquer un Etat islamique ou un jihad mondial.

Une brochure trouvée à une école islamique lors d’une attaque menée par les forces de sécurité en 2005, offre une fenêtre sur les enseignements et l’endoctrinement des camps djihadistes

« Nous avons été traités comme des citoyens de deuxième classe ou comme des enfants d’esclaves. »

proclame entre autres cette brochure.

Les insurgés sont aidés dans leur recrutement, par des rapports qui font régulièrement état de la torture par les militaires, les disparitions et les exécutions extrajudiciaires. Un groupe de juristes musulmans a compté 74 rapports faisant état de l’utilisation de la torture de détenus entre juin 2007 et avril 2008.

Le gouvernement thaïlandais a tenté d’offrir une alternative à la communauté traditionnelle fondée sur les écoles islamiques, où l’enseignement est souvent uniquement en langue malaise, mais a rencontré une résistance implacable.

1 comment
  1. La réalité c’est que le sud était autrefois un sultanat musulman qui a été annexé par la Thaïlande.
    Annexer contre le vouloir des peuples ça fini toujours par péter, musulmans ou pas, rien de plus naturel….

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