Normalement la période du nouvel an est une période de fête et de réjouissance : on tente si possible de mettre de coté les soucis de l’année passée pour se projeter avec un certain optimisme dans la future année.  Mais cette année je dois avouer que j’ai un peu de mal à faire la fête sans un petit arrière goût assez désagréable de « déjà vu » dans la bouche.

Car le nouvel an est aussi souvent l’occasion pour l’expatrié de renouer avec la famille ou des amis en provenance de France : et une fois de plus les coups de fils ou les messages commencent souvent par un « Comment ça va la Thaïlande » un peu angoissé.

J’ai souvent envie de répondre « Comme d’habitude : huit morts dans les affrontements politiques, 400 morts sur la route du nouvel an et 350 morts dans le sud musulman », mais je me retiens.

Deux mois décisifs pour la Thaïlande

Ce qui va se passer au cours des 30 prochains jours sera sans doute décisif pour l’avenir du pays, mais à voir comment les deux factions rivales semblent s’engager dans la bataille sans la moindre volonté de compromis, il y a de quoi être préoccupé, même en tant qu’expatrié qui en a vu d’autres.

D’un coté le Pheu Thai a commencé à couvrir la capitale d’affiches électorales à l’effigie de Yingluck Shinawatra, démontrant qu’il entend bien conduire les élections à la date prévue sans tenir compte des menaces de l’opposition.

Le choix de représenter Yingluck Shinawatra comme candidate n’est pas neutre : la sœur de Thaksin Shinawatra a cristallisé sur sa personne tous les antagonismes qui minent en ce moment le royaume. De nouveau son parti a choisi de passer en force coûte que coûte, comme il l’a déjà fait en votant en catimini une loi d’amnistie (à 4h 30 du matin, ça ne s’invente pas) dont personne ne voulait, sauf un seul individu qui ne vit même plus en Thaïlande.

Un ras le bol massif de la corruption

De l’autre coté un mouvement de ras le bol massif contre la corruption et ce type de pratiques dirigé par le Parti Démocrate, qui s’est engagé à tout faire pour empêcher la tenue des élections législatives, tant que le système lui même n’a pas été réformé. Le « régime Thaksin » selon la terminologie des actuels opposants au gouvernement, et en particulier son dernier avatar Yingluck Shinawatra, est assimilé à une dictature de la majorité au service des intérêts d’une famille.

Dans ces conditions, si les affrontements qui ont fait deux morts à proximité de la Commission électorale la semaine dernière ne sont qu’une répétition de ce qui pourrait se passer dans chaque bureau de vote le 2 février,  la situation pourrait rapidement devenir incontrôlable.

Dans le pire des cas, les « Chemises rouges » pourraient décider de leur propre chef de venir prêter main forte aux à la police pour protéger les bureaux de vote, créant les conditions d’une guerre civile.

L’intervention de l’armée et un nouveau coup d’Etat aux effets déstabilisateurs ne serait alors plus à exclure, ramenant la Thaïlande sept ans en arrière, et ouvrant une nouvelle période d’instabilité et de violences.

7 comments
  1. c est trés triste pour la thailande de voir le baht au plus bas et faire peur aux touristes et aux voyagistes ! c est malheureusement les plus pauvres qui on dèja beaucoup de mal avec les prix qui monte qui vont devoir encore plus ce priver ! j èspère que le roi arrivera a les faire ce réconcillier rapidement pour commencer l année positivement ! c est un pays merveilleux et j èspère qu il le restera !

  2. Je ne vois pas sur cette vidéo qu’on ait forcé les habitants de la capitale à se rebeller contre le gouvernement. http://www.youtube.com/watch?v=OYrFlQFxf_Y
    Il faut arrêter de se voiler la face.
    Je vois juste que les médias ont largement sous-estimé l’ampleur du mouvement.
    Les aéroports ne seront pas bloqués par les manifestants, le métro non plus ; ils ont déjà communiqué sur leur stratégie. Ils semblent vouloir ne pas empêcher les déplacements des touristes et sont favorables aux regards des étrangers sur leurs actions.

  3. Est ce que la volonté d’imposer ,par la force ,un blocus à Bangkok ,venant d’une minorité politique n’est pas autant ,ou même plus , un acte choquant et antidémocratique que de faire entrer en force une loi élaborée par un parti majoritaire ..?surtout une loi d’amnistie générale , donc par définition nullement unilatérale ???

  4. J’aime ce pays et j’y suis heureux tous les 3 mois quand j’y reviens et donc inquiet de la tournure es évènements.
    je crois en la démocratie 1 homme ou une femme = 1 voix toutes autres approchessont par nature suspectes cet article est donc pour le moins partisan partial et partiel . la corruption à bon dos en thailande comme en france.
    je suis aisé voir riche mais si les pauvres sont majoritaires ils gagnent et alors c’est la vie…
    Espérons que ce fascisme « élitiste » ne gagne pas et soit mis en déroute.
    bonne année à tous

  5. Les années passent mais ses articles ne changent pas !!! toujours anti Taksin primaire monsieur Languepin, oui la corruption est partout en Thailande !! pourquoi cette amnésie ?? et comme le dit Naga13 « l’opposition » n’est pas mal non plus dans le style. Et entre la peste et le choléra vous avez déja choisi.

  6. Le parti Democrate contre la corruption pour les autres partis.
    Suthep et Abhisit ont aussi « des casseroles » qu ils trainent depuis des annees…

    Les anti-gouvernementaux esperent bloquer BKK pour forcer les habitants de la Capitale a se rebeller
    contre le gouvernement qui ne fait rien pour sortir de la crise .
    Il n est pas exclu que l aeroport soit aussi bloque comme en 2008.

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