Croissance en berne, loi d’amnistie : où va la Thaïlande ?

Les nuages commencent à s’accumuler à l’horizon pour la Thaïlande, et je ne parle pas de ceux de la mousson qui ont provoqué les récentes inondations.

Ceux-là ont plutôt tendance à se dissiper en ce moment, et c’est tant mieux, car personne ne sait exactement où sont  passés les 350 milliards de baht votés en urgence en 2012 dans le cadre du « water management plan ».

Croissance réduite et endettement des ménages record

Hier la Banque de Thaïlande a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2013 pour la quatrième fois cette année : 3,7 % au lieu de 4,2%. Selon le Comité de politique monétaire (MPC)  la consommation privée stagne, et les exportations thaïlandaises sont en recul par rapport aux années précédentes. Autant de facteurs qui risquent de ralentir la croissance, alors que les programmes populistes (achat d’une première voiture, prix du riz subventionné) commencent à perdre de leur élan. Trop couteux, peu efficaces ils ont aussi , et maintenant surtout, des effets secondaires négatifs comme la chute de près de 40% des exportations de riz de la Thaïlande.

Mais dans le même temps l’endettement des ménages atteint un niveau record : conséquence : la Thaïlande est placée sous surveillance négative par la COFACE cet organisme chargé d’assurer les exportateurs et d’évaluer les risques pays.

Les risques augmentent en Thaïlande dont l’évaluation A3 est désormais assortie d’une surveillance négative. La croissance y a fortement reculé en 2013 et restera contrainte par l’endettement des ménages (80% du PIB) en 2014. Les effets des précédentes mesures de relance se dissipent. Par ailleurs, le pays continuera à souffrir de l’atonie de ses exportations, conséquence notamment du ralentissement chinois dont il est dépendant.

note la Coface.

Vers une nouvelle crise politique ?

C’est pourtant le moment qu’a choisi le gouvernement pour mettre la touche finale à son projet le plus controversé : une loi d’amnistie générale qui couvrirait toute la période de troubles politiques depuis 2006. Même si la majorité des Thaïlandais y est opposé (voir Loi d’amnistie : les Thaïlandais ne sont pas dupes ), cette fois le projet de loi est entré dans la phase finale de son approbation, en troisième lecture devant le Parlement.

Son vote définitif sera certainement de nature à ramener l’agitation et les manifestations dans les rues de Bangkok, à un moment où l’économie thaïlandaise n’en a pas vraiment besoin.

Bon nombre d’observateurs pensent d’ailleurs que la seule raison d’être de cette loi est de permettre le retour de Thaksin en Thaïlande, une éventualité qui est elle aussi, lourde de menaces pour la stabilité du royaume.