Suspecté d’irrégularités, le plan mis en place pour soutenir le secteur de l’agriculture est menacé. Le gouvernement du parti Démocrate envisage de le remplacer par un système de prix garantis, mais les paysans thaïlandais grondent.
Plus d’un millier de paysans du Centre de la Thaïlande se sont rassemblés hier devant le ministère du Commerce pour demander au gouvernement de maintenir le système actuel de soutien à l’agriculture. Jusqu’à présent, l’Etat achetait aux paysans thaïlandais leur récolte plus chère que le cours normal, avant de la revendre à un prix inférieur. Les petits producteurs étaient donc censés être protégés des fluctuations des cours. Le gouvernement prenait en charge l’ensemble du processus, de l’achat de la récolte du fermier au stockage, en passant par la vente aux enchères de la production.
Entre 20 et 30 milliards de pertes pour l’Etat
Un système « efficace » et « simple », expliquent certains paysans, mais qui d’après le Premier ministre Abhisit Vejjajiva était gangréné par la corruption. Le système devrait occasionner entre 20 et 30 milliards de bahts de pertes (612 millions d’euros) pour l’administration thaïlandaise cette année. Le 13 mai, le Premier ministre a donc décidé de suspendre un projet de vente aux enchères de 449.000 tonnes de maïs, d’une valeur estimée à plus de deux milliards de bahts, en raison d’un manque de transparence. Cette décision met à mal la coalition car elle vise particulièrement l’un des alliés clés des Démocrates, le parti Bhumjaithai, qui supervise le ministère du Commerce.
Sous le nouveau schéma proposé par le gouvernement Démocrate pour éviter toute nouvelle dérive, les producteurs se verraient proposer un prix de vente garanti. La marge entre le prix de vente réel et ce prix garanti serait amortie par l’Etat en cas de baisse des cours. Mais pour le vice-président de l’Association des paysans thaïlandais (TFA), Wichian Puanglamchiak, qui s’est joint au mouvement de protestation, cette mesure suppose que les paysans amortissent eux-mêmes les coûts de stockage. Il ajoute que le système de prix garanti, déjà mis en place dans le passé, a toujours été un échec. « Le gouvernement doit trouver où réside le problème dans le système actuel, sans le supprimer aux frais des paysans », estime-t-il. Si le gouvernement pousse ce projet à bout, « les paysans du royaume entier viendront protester à Bangkok », menace l’Association des paysans thaïlandais.
Marie Normand