Malgré une croissance moins importante que prévue au premier trimestre, 5,3% soit un peu moins que la moyenne des attentes de 6%, la Thaïlande affiche des performances qui font des envieux, même dans la région.

La bourse de Bangkok est en superforme, à des niveaux jamais vu depuis 1995, et elle attire les investisseurs du monde entier. La bourse thaïlandaise a augmenté de 48 % au cours des 14 derniers mois, malgré quelques signes récents de ralentissement.

La Thaïlande coqueluche des investisseurs

Avec un taux de base de maintenu depuis plus d’un an à 2,75%, la banque de Thaïlande offre un bonus important aux investisseurs comparé aux taux quasi nuls en Europe ou aux Etats Unis. Le baht a augmenté d’environ 4 % cette année par rapport au dollar et se situe à des niveaux jamais vus depuis la crise financière asiatique de 1997.

L’investisseur gourou des marchés émergents Mark Mobius a plus d’un quart de son fonds de 18 milliards de dollars « Templeton Asian Growth », le plus important de la région, investi en Thaïlande.

Les faibles taux d’intérêt et les politiques monétaires accommodantes aux Etats-Unis, de l’Union européenne, et plus récemment au Japon, ont suscité un exode massif de capitaux vers les marchés émergents, et les investisseurs étrangers se précipitent pour acheter des fonds thaïlandais.

Dette publique de la Thaïlande en % du PIB
Dette publique de la Thaïlande en % du PIB, a comparer avec celle de la France qui est proche des 100%

L’afflux de capitaux étrangers a dopé les prix immobiliers et boursiers, ce qui relance les craintes d’une bulle spéculative. Cependant la comparaison avec la situation de 1997 ne semble pas vraiment pertinente, car les fondamentaux de l’économie thaïlandaise sont très différents de ceux des années 1990, quand le cours du baht était fixé arbitrairement par le gouvernement à un niveau peu réaliste par rapport au dollar.

Une dette maitrisée

Le niveau de la dette thaïlandaise devrait rester stable
Le niveau de la dette thaïlandaise devrait augmenter jusqu’à 50% du PIB selon les estimations du Crédit Suisse

Le total de la dette thaïlandaise s’élève à un peu plus 5 trillions de bahts (170.3 milliards de dollars US) soit 44% du PIB, mais un peu plus de 1 trillion de baht est constituée de la dette des entreprises publiques qui pourrait être facilement réduite en réduisant la part de l’État dans certaines grosses entreprises publiques commerciales.

Il s’agit de la dette publique brute:  le gouvernement thaïlandais dispose de l’équivalent en espèces de 8% du PIB déposé dans les banques privées et à la Banque de Thaïlande. La dette nette publique de la Thaïlande est donc de 36%, à comparer par exemple avec celle des pays de Union Européenne en moyenne de 80%.

Autre facteur important, contrairement aux années 1990, seulement 8% de la dette publique est détenue par des non résidents : en cas de chute du baht, l’impact sur le remboursement de la dette serait bien moins important qu’en 1997.

Le coût de l’assurance de la dette (credit default swap) émise par l’Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie et les Philippines est en moyenne de 98 points de base, contre 270 pour l’Italie et l’Espagne ….

Le coût de l’assurance de la dette souveraine de la Thaïlande au moyen de swaps sur une défaillance de crédit à cinq ans est de 187 points de base de moins que l’Italie, ou l’Espagne. C’est dire si les investisseurs ont davantage confiance dans les capacités de la Thaïlande à honorer ses dettes.

 Une croissance de plus en plus tirée par la consommation

Un sondage de l’UTCC montre que la confiance des consommateurs thaïlandais le mois dernier a atteint son plus haut niveau depuis le coup d’Etat militaire de 2006.

« La poursuite de la hausse de la confiance des consommateurs permettra d’assurer une forte expansion économique du pays cette année parce que la consommation sera un facteur important de la croissance économique», estime Thanavath Phonvichai, directeur du Centre et des prévisions économiques de la UTCC.

L’indice de confiance des consommateurs était à 84,8 points au mois d’avril et il n’a cessé d’augmenter pendant six mois consécutifs. Mais le niveau moyen de la dette des ménages est passée de 82.485 Thai baht par ménage en 2002 à 134.900 baht en 2011, selon le Bureau national des statistiques.

La locomotive des exportations donne quelques signes de faiblesse, mais ils sont à mettre sur le compte d’un baht en hausse depuis le début de l’année : autant de facteur qui devrait à terme faciliter une politique plus accommodante de la Banque Centrale qui a jusqu’à présent résisté farouchement à toutes les pressions pour baisser son taux de base.

Si  la consommation ou les exportations devaient faiblir dans les années à venir, l’économie thaïlandaise pourrait toujours compter dans les dix prochaines années sur le programme massif d’investissements du gouvernement pour contenir la gestion de l’eau et  rénover les infrastructures vieillissantes des transports. Le cabinet du Premier ministre Yingluck Shinawatra approuvé le mois dernier un plan d’emprunt de 2 trillions de bahts pour financer des projets d’infrastructure à long terme après les inondations qui ont dévasté le pays en 2011.

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