L’état d’urgence est levé à Bangkok, où la situation est redevenue normale, mais les problèmes restent entier. La flambée de violence des dernières semaines à de nouveau terni l’image du royaume, qui semble incapable de trouver une solution à une crise politique qui dure depuis trop longtemps.
En apparence le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a remporté une nette victoire : quelques jours lui ont suffi, pour reprendre le contrôle de la situation et mettre fin à l’agitation dans la capitale. En moins de 24 heures, l’armée est intervenu contre les opposants, et après deux jours d’affrontements qui ont fait au total 2 morts et 123 blessés, l’ordre règne à Bangkok. L’actuel Premier ministre a donc prouvé qu’il disposait ainsi du soutien de l’armée thaïlandaise, une donnée capitale dans un pays qui a connu pas moins de 18 coups d’État depuis 1932
Le contraste est saisissant avec la situation du précédent gouvernement (dirigé par Somchai Wongsawat, le beau-frère de Thaksin) qui avait assisté impuissant à la montée en force des « chemises jaunes », sans recevoir le moindre secours de la police et de l’armée.
Mais la question de fond demeure : qui gouverne en Thaïlande, et avec quelle légitimité ?
Si la légitimité d’un gouvernement se mesure uniquement à ses résultats électoraux, l’actuel gouvernement devrait céder la place à une autre formation. Car la protestation des « chemises rouges », bien qu’ organisée et manipulée par Thaksin, repose néanmoins sur une interrogation légitime, à savoir les conditions légales de l’exercice et de l’attribution du pouvoir. Pour les partisans de l’ex Premier Ministre Thaksin Shinawatra, la collusion entre royalistes, militaires et le Parti Démocrate a accouché d’un gouvernement jamais élu, et qui n’a aucune légitimité à leurs yeux.
La victoire d’Abhisit Vejjajiva ne peut être que provisoire, tant que ce problème de fond n’est pas résolu. L’actuel conflit ne peut pas se résumer à un conflit personnel entre Thaksin et l’armée; ou encore à l’opposition de deux camps, l’un urbain, éduqué et royaliste et l’autre rural, plus pauvre qui regrette le populisme thaksinien.