Le roi de Thaïlande a approuvé la nomination de Samak Sundaravej, 72 ans, chef du Parti du pouvoir du peuple (PPP), comme 25e Premier ministre de Thaïlande, officialisant ainsi la victoire des partisans de M.Thaksin aux premières élections depuis le putsch de septembre 2006.

Cette décision n’a sans doute pas été très agréable à prendre pour le roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej, qui a fêté cette année son 80e anniversaire et qui est immensément révéré par ses sujets qui se tournent systématiquement vers lui en temps de crise.

En effet les auteurs du coup d’État militaire n’ont cessé de se réclamer du roi, et le jour du coup d’Etat les soldats portaient presque tous bien visible un petit ruban jaune, symbolisant leur attachement à la monarchie. Mais la nomination d’un proche de Thaksin comme premier ministre, et le retour de ce dernier annoncé dans quelques mois, entérine la défaite des militaires qui avaient pris le pouvoir en l’accusant de corruption.

Connu aussi sous le nom de Rama IX, l’actuel roi de Thailande a eu le règne le plus long de l’histoire de son pays. Samak Sundaravej est le 22e premier ministre qu’il a intronisé et il a vu défiler 16 Constitutions, se produire 18 coups d’État et son royaume de 65 millions de sujets se transformer d’un État agraire semi-féodal en un «tigre» économique de l’Asie.

Fin stratège politique, Bhumibol est un sage qui exerce surtout une autorité morale, la monarchie absolue ayant été officiellement abolie en 1932. On lui a prêté des relations parfois difficiles avec le premier ministre renversé Thaksin Shinawatra, homme d’affaires de 57 ans arrivé au pouvoir en 2001.

En avril 2006, le roi était sorti de sa réserve pour qualifier de «non démocratiques» des élections législatives anticipées, convoquées à la hâte par un Thaksin en difficulté. Le scrutin, boycotté par l’opposition, avait été finalement annulé.

Le général Sonthi Boonyaratglin, qui avait dirigé le putsch de septembre 2006, avait rencontré le souverain juste après l’entrée en action de ses forces dans les rues de Bangkok. Par ailleurs, les chaînes de télévision passées sous le contrôle de l’armée n’avaient cessé de diffuser des images de Bhumibol dans le but évident de rassurer la population.

Le roi a toujours cherché à se tenir au-dessus de la vie politique -souvent agitée- de ce pays d’Asie du Sud-Est mais son intervention a été apaisante pendant les crises nationales.

Lors d’un soulèvement populaire en mai 1992, il avait arbitré de manière spectaculaire en adjurant militaires et manifestants de mettre fin aux violences. Lors d’une allocution télévisée dont les images avaient fait le tour du monde, le roi avait exhorté les chefs des deux camps, accroupis à ses pieds en signe d’allégeance, à faire la paix. Le premier ministre de l’époque, issu d’un coup d’État militaire, avait démissionné et les troubles avaient cessé.

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