L’ONU a rendu public cette semaine un rapport de 226 pages consacré aux conséquences de la criminalisation de la prostitution sur la vie des travailleurs et travailleuses du sexe, et la transmission du HIV, dans 48 pays Asie dont la Thaïlande.

L’ONU a interrogé des  travailleuses du sexe dans 48 pays à travers l’Asie pour déterminer comment le lois sur la prostitution affectent leur sécurité, leur santé et leurs familles.

Les principales conclusion du rapport vont dans le sens d’une légalisation de la prostitution, car partout où elle est interdite la répression précarise les travailleuses du sexe, favorise la diffusion du HIV, et sert en premier lieu à remplir les poches des intermédiaires et de la police.

Mme Noi Chantawipa Apisuk dirige une fondation pour les travailleurs du sexe en Thaïlande appelé EMPOWER et elle a été interrogée par les rapporteurs de l’ONU.

Selon ses dires,  les travailleurs du sexe en Thaïlande souffrent d’une discrimination injustifiée : ils sont en mesure de gagner assez d’argent pour soutenir leurs familles, mais ne bénéficient pas des protections juridiques accordées aux travailleurs des autres secteurs.

Son association fait pression sur le gouvernement thaïlandais pour changer ce statut et accorder aux travailleurs de sexe les mêmes droits que les autre travailleurs.

«Le travail du sexe est un travail comme les autres, un travail du secteur du divertissement», dit-elle. «Les travailleurs du spectacle sont protégés par le droit du travail, comme les travailleurs du secteur manufacturier,ou les travailleurs du secteur agricole. Quand ils ont des problèmes, ils peuvent être résolus devant un tribunal du travail, plutôt que d’aller voir la police. « 

Les chercheurs de l’ONU ne font que rappeler et approfondir certaines données connues de longue date par les associations qui défendent les droits des prostituées :  dans les endroits où la prostitution est interdite, les travailleurs du sexe sont particulièrement vulnérables parce que leur travail est stigmatisé et illégal.

La suppression de la criminalisation de la prostitution permet partout un meilleur accès aux bilans de santé et aux programmes de traitement anti VIH.

La directrice par intérim du programme des Nations Unies  sur le « VIH Santé et Développement », le Dr Mandeep Dhaliwal, souligne que certains gouvernements font des progrès vers la modification des lois qui entravent la prévention efficace de la transmission VIH.

Elle a félicité le Vietnam et la Chine, le Cambodge et la Birmanie, où les gouvernements ont demandé à la police de cesser de harceler les prostituées. Mais elle ajoute qu’il y a encore beaucoup de politiques contradictoires qui présentent des risques importants pour la santé publique.

« D’une part, vous dépensez des millions de dollars pour fournir des préservatifs pour prévenir la transmission du VIH, puis d’un autre côté vous avez la police qui confisque les préservatifs en tant que preuve pour arrêter et harceler les travailleurs du sexe. Il s’agit d’une contradiction absurde et très coûteuse en terme de santé publique », a déclaré Mme Dhaliwal.

Lorsque le travail du sexe est dépénalisé, il existe une plus grande probabilité de pratiques sexuelles plus sûres grâce à l’accès aux préservatifs et aux service de santé. En outre, il n’existe aucune preuve que la décriminalisation du travail du sexe ait augmenté le recours à la prostitution.

le rapport indique que «Les juridictions de la région qui ont décriminalisé le travail du sexe – comme la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Galles du Sud (Australie) – définissant le travail du sexe comme un travail légitime permet aux travailleurs du sexe, un meilleur accès aux services de lutte contre le VIH  et est associée à des taux très élevés d’utilisation du préservatif « .

Télécharger le rapport de l’ONU : http://www.snap-undp.org/elibrary/Publication.aspx?ID=699

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