Alors qu’une pétition circule en Thaïlande pour obtenir une réforme de la loi sur le lèse majesté, la cour pénale de Bangkok a rendu un verdict très attendu dans l’affaire de l’éditrice du site d’information en ligne « Prachatai » accusée de lèse majesté pour ne pas avoir retiré assez rapidement un commentaire jugé offensant pour la monarchie.

Chiranuch Premchaiporn a été reconnue coupable de ne pas avoir supprimé assez rapidement des commentaires postés sur le forum de son site Prachatai en 2008. Le tribunal de Bangkok l’a condamné à une amende 20.000 baht  (500 euros) et huit mois de prison avec sursis,  en précisant qu’elle avait coopéré avec le tribunal et n’avait «jamais violé la loi elle-même ».

Portraits du roi dans un restaurant de Bangkok
En Thaïlande la monarchie est sacrée, et toute atteinte à l’image du roi (même en photo) peut être puni d’une peine allant jusqu’à 15 ans de prison

« L’accusée ne peut pas nier sa responsabilité pour le contenu de son site internet », a déclaré le juge Kampol Rungrat. Mais « elle n’a jamais violé la loi elle-même », a-t-il ajouté, notant que la peine était suspendue en raison de la coopération de l’accusée avec le tribunal.

Le cas de Chiranuch a suscité un débat en Thaïlande, où les autorités sont accusées de bafouer la liberté d’expression en exploitant la loi  sur le «lèse-majesté » contre la diffamation de la famille royale. Ce mardi, une pétition signée par près de 27.000 personnes demandant la réforme de cette loi a été soumise au parlement.

Les poursuites contre Chiranuch – plus connue par son surnom, Jiew – ont attiré l’attention des nombreux médias non seulement en Thaïlande mais partout dans le monde. L’année dernière, elle figurait parmi l’une des trois gagnantes du prix du Courage en journalisme décerné par la Fondation internationale de la femme et des médias, et aussi l’un des 48 journalistes qui a bénéficié des subventions de Human Rights Watch pour leur engagement en faveur de la liberté d’expression et leur courage face à la persécution.

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Reporters sans frontières s’est inquiété à plusieurs reprises du sort de la directrice du site d’information PrachataiChiranuch Premchaiporn, plus connue sous le nom de Jiew, dont le procès pour violation des articles 14 et 15 du Computer Crime Act devait connaître son aboutissement aujourd’hui.

“Nous sommes très préoccupés du sort de Chiranuch Premchaiporn, une victime de plus de l’utilisation abusive des lois draconiennes que sont le Computer Crimes Act et le paragraphe 112 du code pénal. Le nouveau gouvernement du Premier ministre Yingluck Shinawatra doit mettre un terme aux restrictions à la liberté d’expression sous couvert de “protection de l’image du roi”. Nous attendons le signe d’une réelle volonté politique de reformer ces lois répressives”,

avait déclaré Reporters sans frontières.

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Au cours d’une conférence universitaires consacrée au crime de lèse-majesté, un expert en la matière le professeur David Streckfuss a noté que si la loi elle-même est resté inchangée, son application est de plus en plus caractérisée par une augmentation spectaculaire des accusations individuelles.

« Si vous regardez le nombre de cas lèse-majesté, de 1990 à 2005, il y avait une moyenne de cinq ou six cas par an. Après cela, il y a eu entre 2006 et 2009, 397 cas qui ont été devant la justice »,

a expliqué le professeur Streckfuss. «Environ 1500% d’augmentation, selon la façon dont vous faites le calcul. »