Le roi de Thaïlande n’est pas rancunier : il a gracié et libéré  l’écrivain australien incarcéré pour insulte à la famille royale. Harry Nicolaides aura passé près de 6 mois en prison depuis son arrestation à Bangkok au mois d’aout dernier, alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion pour quitter la Thailande.

Harry Nicolaides, agé de 41 ans, avait a été condamné à trois ans de prison par un tribunal de Bangkok après avoir plaidé coupable du crime de lèse majesté. En Thailande le crime de lèse-majesté est défini par l’article 112 du code pénal en vertu duquel « quiconque tient des propos diffamatoires, insultants ou qui menacent le roi, la reine ou le régent est passible de trois à quinze ans de prison ». Mais selon Reporters sans frontières « La législation thaïe sur le crime de lèse-majesté fait partie des plus sévères au monde. Elle empiète régulièrement sur le principe de la liberté d’expression. »

Le 10 février dernier, un professeur de sciences politiques de l’Université de Chulalongkorn à Bangkok, Giles Ji Ungpakorn, avait fuit la Thaïlande, après avoir été accusé de lèse majesté.

“Je ne pense pas que j’aurais droit à un procès équitable”

a t-il déclaré pour justifier son exil vers le Royaume Uni.

Les autorités thaïlandaises ont interdit près de 4000 sites au cours des derniers mois pour avoir insulté la monarchie. La police a déclaré la semaine dernière que plus de 17 cas de lèse majesté sont actuellement en cours de traitement.

La Thaïlande est à juste titre un modèle de liberté de la presse en Asie du Sud-Est. La presse est libre et variée, mais les journalistes ont tous un point en commun : ils s’auto-censurent pour ce qui touche à la monarchie.

constate Reporters sans frontière, qui appelle à une réforme rapide des lois régissant le crime de lèse-majesté.

En février 2007 la justice thaïlandaise avait condamné un Suisse de 57 ans à dix ans de prison pour insulte et atteinte à la dignité du roi de Thaïlande. L’homme, qui avait aspergé des portraits du souverain de peinture noire avait été arrêté début décembre dans la ville de Chiang Mai alors que le royaume célébrait le 79e anniversaire de Bhumibol, le plus ancien monarque en exercice dans le monde, qui est immensément révéré par ses sujets. Le ressortissant suisse, marié à une Thaïlandaise, avait été vu dans un état d’ébriété en train d’asperger avec de la peinture noire des portraits du souverain. Il a par la suite également pu bénéficier d’une grâce royale.