Alors que la Thaïlande se rapproche de la saison des pluies, qui  débute normalement autour du mois de mai, des interrogations subsistent sur la mise en place effective d’une véritable protection contre les inondations autour de Bangkok.

Un article publié récemment par l’IRIN montre qu’une politique de prévention des inondations efficace passe par une planification urbaine conçue sur le long terme, qui fait pour l’instant défaut dans la capitale thaïlandaise. La tactique adoptée jusqu’a maintenant a démontré ses limites l’année dernière: on ne peut pas tout résoudre juste en stockant et détournant les masses d’eau a évacuer en provenance du nord.

Entre 1985 et 2010, le pourcentage de la population thaïlandaise vivant en zone urbaine est passé de 26,8 à 34%, soit 10,5 millions de citadins supplémentaires

Selon un récent rapport de la Banque mondiale, neuf des 10 plus grandes villes côtières sujettes aux inondations en 2070 se trouveront en Asie. Bangkok en fait partie. Moins d’un an après la désignation de Bangkok comme « modèle de référence » par la Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations Unies (UNISDR), dans le cadre de la campagne onusienne 2010-2015 « Rendre les villes résilientes », les pires inondations que le pays ait connu en un demi-siècle ont sévèrement mis à l’épreuve cette distinction.

Bangkok s’enfonce de 30 mm tous les ans, selon l’Administration métropolitaine de Bangkok

IRIN a demandé à des spécialistes de quelle façon les 3 000 villes qui se trouvent comme Bangkok –avec ses voisins du delta – à très basse altitude, peuvent améliorer leur résilience.

La première étape est d’élaborer un schéma directeur qui inclue les prévisions de développement, les priorités et les points vulnérables de la ville, a indiqué Adri Verwey, expert en inondations urbaines à Deltares, un groupe d’experts hollandais spécialisé dans la gestion de l’eau.

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Selon un récent rapport de la Banque mondiale, neuf des 10 plus grandes villes côtières sujettes aux inondations en 2070 se trouveront en Asie. Bangkok en fait partie.

« Les villes doivent décider le niveau de sécurité voulu et choisir les zones qui ont le plus besoin de protection, » a-t-il dit.

Aux Pays-Bas, où 26 pour cent du territoire est en dessous du niveau de la mer, les villes caractérisées par une forte densité de capital humain et économique sont construites pour résister à une inondation survenant une fois tous les 10 000 ans, tandis que les zones intérieures, rurales et peu peuplées, doivent être capables de résister à une inondation survenant tous les 1 250 ans.

Urbanisation: le cas extrême de la Thaïlande

Le manque d’équilibre du développement constitue le point faible de l’urbanisme dans de nombreux pays asiatiques. Mais le cas de la Thaïlande est plus extrême, en ce sens que le pays a concentré toute son énergie sur la capitale économique et politique, a dit Anisur Rahman, spécialiste de l’aménagement du territoire au Centre asiatique pour la prévention des catastrophes (ADPC) à Bangkok.

« Avec une meilleure planification, le développement du pays attacherait davantage d’importance aux autres villes [environnantes], de façon à pouvoir diluer la pression, tout particulière ment en cas de situation catastrophique comme celle d’aujourd’hui. »

Au lieu de permettre l’installation de nouveaux commerces et usines dans Bangkok et dans sa banlieue, les investissements futurs devraient être transférés vers des zones moins développées, mais situées à une altitude plus élevée »,

a ajouté M. Rahman.

Les législateurs du parti thaïlandais au pouvoir ont soumis une motion parlementaire proposant de transférer la capitale dans la province de Nakhon Nayok, une région vallonnée située à une altitude plus élevée.

« Stocker et détourner », ainsi se résument les stratégies de maîtrise des inondations en Thaïlande

Takeya Kimio, conseiller auprès de l’Agence japonaise de coopération internationale de Bangkok (JICA)

« Stocker » signifie construire plus de réservoirs et de bassins de rétention pour retenir l’eau en amont et « détourner » suppose de développer suffisamment de canaux et de chenaux à mi-parcours et en aval, pour transporter l’excédent d’eau vers la mer.

Pour ce qui est des villes qui s’enfoncent lentement et sont menacées par l’élévation du niveau de la mer, les gouvernements doivent réguler les ressources aquatiques, a expliqué Nat Marjang, maître de conférences à l’Université Kasetsart de Bangkok.

« Avant que la loi qui réglemente l’extraction d’eau de la nappe phréatique [en Thaïlande] ne soit mise en application, beaucoup d’usines creusaient leurs propres puits pour extraire de l’eau pour les usages industriels. Ceci a fortement contribué à la subsidence des sols. »

En outre, le niveau de la mer monte de 25 mm annuellement, ce qui signifie que la ville pourrait se retrouver sous 50 cm, voire un mètre d’eau d’ici 2025.

Ré-évaluer le système de contrôle des inondations

Malgré l’important réseau d’infrastructures de contrôle des inondations déjà en place à Bangkok, les experts affirment qu’il n’a pas réussi à suivre le rythme intensif de l’urbanisation et du développement de la ville.

Entre 1985 et 2010, le pourcentage de la population thaïlandaise vivant en zone urbaine est passé de 26,8 à 34 pour cent, soit 10,5 millions de citadins supplémentaires, selon les dernières perspectives de l’urbanisation mondiale de l’ONU.

De nombreux responsables pensent que la digue de Sa Majesté le Roi, qui traverse du nord au sud la partie est de Bangkok, est capable de préserver la ville des inondations. Mais M. Verwey a indiqué que celle-ci n’était censée résister qu’à un volume de précipitations annuelles normal, et non à une inondation qui arrive une fois tous les 50 ans, comme celle de cette année.

En conséquence, les stations de pompage sont tombées en panne sous la pression de l’eau.

Pour M. Verwey, les pays vulnérables aux inondations doivent être mieux préparés.

« Je suis impressionné par la vitesse à laquelle les sacs de sable ont été entassés et la vitesse à laquelle s’est faite la distribution de nourriture et d’eau [en Thaïlande], mais on ne peut pas toujours résoudre les problèmes avec des sacs de sable… Il est choquant de voir combien les gens étaient peu préparés à l’inondation. C’est comme si le phénomène des inondations avait été complètement oublié en Thaïlande,”

a dit M. Verwey.

Selon le gouvernement, les inondations de 1995 avaient fait plus de 400 victimes et affecté près de quatre millions de personnes.

Investir dans la prévention des inondations est un « choix calculé », a indiqué M. Kimio de la JICA.

« Il n’existe que deux options, réduire le rythme du développement ou investir davantage dans le contrôle des inondations, »

a t-il ajouté.

Depuis les années 1980, le risque de pertes économiques dues aux inondations dans les pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (l’OCDE) a augmenté de plus de 160 pour cent, devançant la croissance du PIB par habitant, selon l’UNISDR.

Lire l’article complet sur le site de l’IRIN

Une série de rapports évaluant les effets du changement climatique dans 23 pays a été publiée en marge de la Conférence des Nations Unies sur le climat à Durban, en Afrique du Sud.

Dix pays en développement particulièrement vulnérables au changement climatique

Les rapports réalisés par le UK Met Office Hadley Centre évaluent les dernières recherches réalisées et présentent des projections faisant appel à un large éventail de 21 modèles climatiques également utilisés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Les 23 pays étudiés, dont dix pays en développement, représentent de grandes économies et des pays particulièrement vulnérables au changement climatique. La plupart des études relatives aux pays vulnérables et en développement sont basées sur un seul modèle climatique ou sur des variables limitées ; les projections ne sont donc pas exhaustives et ne font pas autorité.

Les rapports ont présenté les conclusions suivantes : une grande incertitude demeure concernant les prévisions de précipitations saisonnières, mais les inondations devraient augmenter d’ici à la fin du siècle au Bangladesh ; la vulnérabilité au stress hydrique devrait augmenter en Égypte ; les informations disponibles ne sont pas suffisantes pour fournir des prédictions précises à long terme sur les sécheresses au Kenya.

Les rapports se sont penchés sur les données climatiques enregistrées de 1960 à 2010, et les projections concernent la période de 2050 à 2100. Les pays en développement examinés sont le Bangladesh, le Brésil, la Chine, l’Égypte, l’Inde, l’Indonésie, le Kenya, le Mexique, le Pérou et l’Afrique du Sud.

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