Bien que rédigé dans des termes très modérés, le communiqué de presse du ministère des affaires étrangères remis hier aux correspondants de la presse porte bien la marque d’un certain agacement à l’encontre des Etats Unis, et du ton alarmiste de son alerte faisant état d’une menace terroriste imminente à Bangkok.
Le ministre des Affaires étrangères a exprimé sa déception, en constatant que les Etats Unis n’ont pas consulté la Thaïlande avant de lancer une alerte au terrorisme, alors que les agences de renseignement thaïlandais concernées avaient déjà été en étroite coordination avec les États-Unis et d’autres pays concernés.
L’ambassade américaine en Thaïlande avait mis en garde vendredi contre de possibles attaques de « terroristes étrangers » dans plusieurs quartiers touristiques de la capitale et avait appelé ses ressortissants à la prudence.
Entre temps la police thaïlandaise a confirmé qu’elle était au courant de l’entrée des deux militants du Hezbollah sur son territoire, et qu’ils étaient sous surveillance.
Le ministre de la Défense, le General Yutthasak Sasiprapa a déclaré au Bangkok Post qu’un membre présumé du Hezbollah arrêté par la police vendredi avair déclaré vouloir cibler des juifs et des Américains à Bangkok, dans certaines zones publiques où de grands groupes d’Israéliens et d’Américains sont fréquemment présents, comme Khao San Road.
Une action de représailles contre Israël
Le groupe terroriste pro-iranien aurait choisi Bangkok dans le cadre d’un de ses plans pour se venger contre Israël, accusé d’avoir commandité l’assassinat d’une figure du Hezbollah en 2008 en Syrie. Les services de sécurité thaïlandaises avait été informés par l’agence israélienne de renseignement du Mossad des mouvements de membres du Hezbollah en Thaïlande depuis le 18 décembre.
La réaction des thaïlandais dans cette histoire semble prouver qu’ils étaient au courant de la présence des deux terroristes présumés en Thaïlande, et que la réaction publique et précipitée des Etats Unis a simplement permis la fuite de l’un d’entre eux.
Un peu plus de discrétion aurait sans doute permis de récolter des informations intéressantes sur les réseaux du Hezbollah en Thaïlande, voire d’effectuer une arrestation en flagrant délit.
Un haut responsable du bureau politique du Hezbollah à Beyrouth, Ghaleb Abi Zeïnab, a d’ailleurs aussitôt démenti que ce suspect soit lié de près ou de loin au parti pro iranien, connu pour sa haine des juifs et des Américains.
Le risque de contagion
Même si la récente alerte de l’ambassade américaine semble n’avoir aucun lien avec la guerrila islamistes dans le sud de la Thaïlande, le risque de contagion existe.
Les ambassadeurs britannique et l’UE ont estimé qu’en l’absence d’une solution autre que militaire, la lutte contre la guérilla islamiste dans le sud de la Thaïlande pourrait dégénérer en une crise de sécurité comparable à celles de l’Afghanistan ou du Yémen. Ils ont fait ces remarques dans leur discours d’ouverture lors d’une conférence de presse au Club des correspondants étrangers en Thaïlande (FCCT).
Plus de 5.000 personnes, ont été tués dans des attentats dans le sud de la Thaïlande depuis 2004, et le gouvernementa a dépensé plus de 3,5 milliards de dollars pour tenter d’étouffer l’insurrection.
« Il peut arriver un jour où les troubles dans le Sud vont devenir les troubles de la région dans son ensemble. Et j’ose le dire, il cela pourrait attirer la présence d’intervenants en provenance d’autres pays »
a déclaré Asif Ahmad, ambassadeur britannique en Thaïlande. « Nous l’avons vu au Yémen. Nous l’avons vu en Afghanistan. La Thaïlande ne peut se considérer comme étant à l’abri. »
David Lipman, ambassadeur de l’Union européenne à la Thaïlande, a noté que près de«deux personnes par jour sont tuées en moyenne, pour le moment dans le sud de la Thaïlande. » M. Lipman a déclaré que l’UE ne «souhaite interférer en aucune façon dans un conflit interne en Thaïlande, mais nous tenons à dialoguer avec les dirigeants thaïlandais et à partager leurs expériences dans la lutte contre le terrorisme. »
La Thaïlande: un allié de plus en plus discret des guerres américaines
Le président George W. Bush a consacré beaucoup de temps, et d’argent, a sa «guerre contre le terrorisme», entrainant un cout élevé, y compris pour ses alliés stratégiques en Asie du Sud-Est, dont la Thaïlande fait partie.
Bangkok aura été un allié réticent des campagnes militaires américaines, en fournissant un petit nombre de troupes à la coalition des volontaires en Irak, tout en permettant l’accès des avions américains a ses base aériennes pour la campagne d’Afghanistan. La Thaïlande a aussi participé aux aspects les plus discutables de cette guerre en prêtant ses bases aux missions secrètes de la CIA, où des agents du renseignement thaïlandais ont travaillé avec leurs homologues des États-Unis.
1 comment
on ne parle pas de ça en France pour le moment !!!
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