L’année 2011 restera une fois de plus comme une année à oublier pour les marchés qui ont tous terminés en baisse à l’exception notable de Wall Street. Au cours de ces dernières années, aucune place boursière n’a été épargnée par la volatilité qui a dominé sur fond d’incapacité des économies occidentales à lutter contre leur endettement. 

Mais une région a fait preuve d’une grande résilience : l’Asean avec ses cinq principaux membres que sont l’Indonésie, la Thaïlande, les Philippines, la Malaisie et Singapour n’ a perdu que 3% sur l’année 2011.

Tous les marchés, sauf  les Etats Unis, ont terminé l’année 2011 en baisse

Selon plusieurs analystes financiers, le cycle économique des dix prochaines années sera dominé par la croissance des pays asiatiques et de l’Asean.

Selon Barings par exemple

« une volatilité sans précédent a dominé tous les marchés en 2011 et, à l’exception des Etats-Unis, toutes les places boursières finissent l’année en net recul. Une seule région a mieux résisté, l’Asean, l’indice ne cédant que 3,1 % quand, pour la plupart, les bourses affichent des baisses à deux chiffres ».

« Les pays émergents continuent à bénéficier d’un rythme de croissance supérieur à celui des pays développés et nous attirons à nouveau l’attention sur les nouveaux marchés émergents qui bénéficient à la fois de leur croissance domestique et de celle des pays émergents déjà largement reconnus ».

Un cycle économique dominé par la puissance économique de l’Est

Le cycle économique actuel identifié par la banque de Singapour Standard Chartered, est défini comme la période entre 2001 et 2030 où la puissance économique passera de l’Ouest à l’Est :

« Une période de croissance mondiale historiquement élevée, qui durera sur une génération ou plus, suscitée par des transactions de plus en plus nombreuses, des taux d’investissement élevés, l’urbanisation et l’innovation technologique, caractérisée par l’émergence de grandes nouvelles économies, constatée d’abord dans des taux de croissance de rattrapage élevés sur les marchés émergents. »

Fook, l'idéogramme chinois qui signifie prosperité
Fook, l'idéogramme chinois qui signifie prosperité

Pour Soo-Hai Lim, gérant du Baring Asean Frontiers Fund, la région bénéficie à la fois d’une croissance économique basée sur la consommation domestique solide et de politiques budgétaires prudentes.

Les conditions financières favorisent les investissements permettant de dynamiser encore la demande intérieure.

La Thaïlande va lancer un important programme de reconstruction après les inondations

« A moins que la crise au Moyen-Orient ne prenne des proportions démesurées, les pressions inflationnistes, alimentées par les prix alimentaires, s’atténueront, les comparaisons (en glissement annuel) atteignant leur plus haut niveau au second semestre. Les dirigeants ont utilisé des outils variés pour gérer les pressions inflationnistes, par exemple en laissant les taux de change s’apprécier en Indonésie »,

note le gérant de Baring Asean Frontiers Fund.

« Malgré la volatilité qui a suivi la catastrophe japonaise, les marchés de l’Asean se sont fortement redressés. Les petits pays (Thaïlande, Indonésie et Philippines) se sont démarqués et l’indice MSCI Philippines a dégagé plus de 10%, tiré par le grand opérateur de télécommunications PLDT après le rachat d’un concurrent qui posait des problèmes. »

Vers une meilleure intégration financière

« Les compagnies indiennes fondent des bureaux à Singapour aujourd’hui », a déclaréAnil Kishora, directeur général à la Banque d’État de l’Inde Singapour (SBI), « car elles se préparent à conquérir le marché de l’ASEAN et voient Singapour comme un centre majeur. »  Cela signifie que la communauté financière de Singapour a l’occasion de centraliser son propre traitement pour l’ASEAN à Singapour, a-t-il suggéré.

Le directeur général de SWIFT pour l’Asie Pacifique, Ian Johnston estime que la création de la Communauté économique de l’ASEAN (visée pour 2015) est un moteur de croissance majeur et une source de collaboration accrue.

« Le secteur gaspille des milliards sur des systèmes sur des standards qui ne peuvent pas communiquer entre eux. Nous pensons que l’interopérabilité est la clé du succès de la communauté économique de l’ASEAN.   Les mesures que vous prenez pour créer un bloc économique puissant dans la région doivent inclure une infrastructure financière qui s’empare de la croissance démographique et économique dynamique qui a lieu dans l’ASEAN.  SWIFT joue un rôle de plus en plus important dans la conception des standards et des plateformes nécessaires pour cette infrastructure. »

L’émergence du RMB (Yuan) comme monnaie régionale

‎L’internationalisation de la devise chinoise pourrait être un ‘autre facteur important d’intégration économique.  Wim Raymaekers, responsable des marchés bancaires pour SWIFT, a indiqué qu’en pratique, le RMB est déjà transféré sur SWIFT par plus de 1000 banques dans 85 pays.

« Tandis que le règlement des transactions internationales avec la Chine se réoriente vers des paiements libellés en Yuan, ceci présente de nouvelles opportunités commerciales  pour les établissements financiers qui sont prêts à capitaliser dessus »,

a déclaré M. Raymaekers.

« Et, étant donné que l’ASEAN est un partenaire commercial important avec la Chine – avec Singapour comme plaque tournante importante – nous constatons déjà une augmentation considérable des flux de paiements en RMB. »

Pour Edward Lee, économiste à la Standard Chartered Bank, il était également évident que le RMB ouvrira des perspectives. La Chine, a-t-il dit, sera le plus grand marché des changes n’appartenant pas au G10 du monde d’ici 2030, avec un chiffre d’affaires quotidien d’au moins 6,2 millions de dollars US de transactions de change en RMB prévu.