La loi réprimant les crimes de lèse majesté en Thaïlande a abouti à une nouvelle et très lourde condamnation pour de simples SMS. 

Un sexagénaire thaïlandais a été condamné à vingt ans de prison pour avoir envoyé des SMS jugés insultants envers la monarchie, en vertu d’une des lois les plus sévères du monde. Ampon Tangnoppakul, 61 ans, avait été arrêté en août 2010 pour avoir envoyé au mois de mai précédent quatre messages au secrétaire personnel du Premier ministre de l’époque, Abhisit Vejjajiva. Des SMS que la police avait estimés « inappropriés » et « insultants envers la monarchie ».

Il n’y a pas d’estimation précise et officielle du nombre de personnes actuellement en prison pour avoir diffamé les membres de la famille royale thaïlandaise, en raison de l’article 112, mais le professeur Streckfuss estime que le nombre pourrait dépasser les 200. La Commission nationale des droits de l’homme (NHRC), un organisme indépendant établi par le gouvernement, affirme avoir récemment fait une demande officielle à la police et à d’autres organismes, pour obtenir un décompte précis du nombre des détenus accusés de lèse-majesté.

Un but louable, une utilisation critiquable

Si le but original de la loi, à savoir sanctionner “Quiconque diffame, insulte ou menace le roi, la reine, le prince héritier ou le régent” est défendable (d’autres lois du même type existent dans d’autres pays), son utilisation va aujourd’hui bien au delà du but initial de la loi.

L’accusation de “lèse-majesté” en vertu de l’article 112 du code pénal, est un procédé souvent utilisé par les autorités à des fins politiques, notamment pour étouffer la dissidence et les voix jugées trop critiques à l’encontre de la monarchie, ou même du gouvernement. C’est le cas de Somsak Jeamteerasakul, professeur d’histoire de l’art à la faculté des arts de Thammasat, menacé par un membre du gouvernement d’être poursuivis pour lèse-majesté, depuis le 22 avril 2011, accusation ayant notamment pour origine son discours tenu au début du mois de décembre 2010.

La condamnation des ONG

La Thaïlande confirme son utilisation de lois répressives a l’encontre des journalistes afin de limiter la liberté d’expression. Reporters sans frontières condamne par exemple le refus de la cour criminelle de Bangkok de remettre en liberté sous caution Somyos Prueksakasemsuk.

L’ancien rédacteur en chef du journal Voice of Thaksin, interdit depuis 2010, est détenu depuis plus de six mois pour « insulte à la monarchie ».

« Le nouveau gouvernement continue d’aller à l’encontre des principes qu’il a lui-même énoncé. Nous sommes sceptiques quant à sa volonté de mettre en œuvre les déclarations du Premier ministre visant à limiter le recours abusif au crime de lèse-majesté. Nous appelons la Justice thaïlandaise à libérer Somyos Prueksakasemsuk et à abandonner les charges qui pèsent contre lui″,

a déclaré l’organisation.