Les eaux des inondations commencent à refluer dans certains quartiers à Bangkok, mais trop lentement pour les habitants qui pour certains vivent depuis plusieurs mois dans les eaux sales et polluées, mélange insalubre de résidus d’eau de pluie et de déchets en provenance des canaux.
Il semble que le centre de la capitale de la Thaïlande, Bangkok, soit définitivement épargné par les inondations, même si des ordres d’évacuation sont encore lancés chaque jour dans des quartiers de la ville.
Dans les quartiers du centre de la capitale, l’eau potable est de retour sur les rayons des supermarchés mais est encore rationnée à deux bouteilles par client. Les autorités estiment qu’environ 16 000 habitants se sont réfugiés dans les 163 centres d’évacuation mis en place à Bangkok. Dans certaines régions du nord du pays, le grand nettoyage a commencé, notamment la province d’Ayutthaya qui abrite plusieurs zones industrielles.
La colère des habitants de Bangkok
Dans deux quartiers de Bangkok, l’un au nord et l’autre au sud, la colère des habitants de Bangkok a abouti à une destruction partielle des digues qui protègent le centre ville.
Au nord de la ville dans le quartier de Don Mueang proche de l’ancien aéroport de Bangkok,une brèche de 10 mètres à été ouverte dans une digue longue de 15 kilomètres pour faire baisser le niveau d’eau plus rapidement. Un accord a été conclu avec le directeur FROC (Centre gouvernemental de lutte contre les inondations) Pracha Promnok et le gouverneur de Bangkok Sukhumbhand Paribatra pour ne pas colmater la brèche ouverte par un groupe d’habitants en colère qui ont enlevé de force des gros sacs de sable pesant chacun 2 tonnes et demie.
«La solution doit servir d’exemple pour de futurs conflits afin que les gens travaillent avec le BMA (Mairie de Bangkok) et le FROC avant prendre des décisions irréfléchies. Je veux que toutes les parties et les personnes affectées travaillent ensemble et trouvent des solutions raisonnables »,
a déclaré M.Sukhumbhand.
Une situation similaire existe au sud de la ville, où une digue protège la route de Rama II, seul accès encore viable vers le sud à partir de Bangkok.
Les rivalités entre le gouvernement et l’opposition démocrate qui dirige Bangkok ont abouti à pas mal de retard dans la mise en place des dernières mesures destinées à protéger la capitale et sont devenues aujourd’hui un enjeu politique.
La qualité de l’eau du robinet à Bangkok est redevenue normale, même si la Premier ministre a recommandé de la faire bouillir avant de la consommer. L’approvisionnement en eau potable a repris au compte goutte dans certains quartiers, et le réseau de distribution de produits alimentaires reste perturbé pour certains articles.
Les problèmes sanitaires liées aux inondations commencent à se faire sentir et la ville de Bangkok, a décidé d’engager 2.000 éboueurs supplémentaires pour ramasser les tonnes d’ordures qui s’amoncellent dans les zones inondées inaccessibles, remplaçant parfois leurs habituels camions par des bateaux.
Un lourd bilan humain et économique
Un total de 562 personnes sont mortes et deux personnes sont portées disparues dans les inondations qui ont frappé plusieurs provinces de Thaïlande depuis plus de trois mois, selon la dernière estimation du Département de prévention des catastrophes.
Les inondations continuent de prévaloir dans 22 provinces, touchant 5.148.327 personnes, a indiqué le Département dans un communiqué publié aujourd’hui.
Les provinces inondées sont Nakhon Sawan, Uthai Thani, Chai Nat, Singburi, Angthong, Ayutthaya, Lopburi, Saraburi, Suphanburi, Nakhon Pathom, Pathum Thani, Nonthaburi, Samut Sakhon, Samut Prakan, Ubon Ratchathani, Si Sa Ket, Roi Et, Kalasin, Chachoengsao, Nakhon Nayok, Prachinburi et Bangkok.
Dans son message vidéo envoyé au Sommet de l’APEC la Premier ministre, qui avait décidé de rester en Thaïlande, a cité les récentes inondations comme les pires de toute l’histoire thaïlandaise. Yingluck Shinawatra s’est pourtant montrée optimiste en déclarant que les mesures de réparation et d’assistance mises en place pourraient permettre la reprise des opérations dans les 45 jours dans les zones industrielles inondées.
Des prêts bonifiés pour un montant allant jusqu’à 8,3 milliards de dollars américains sont prévus pour les PME, les entrepreneurs et les industriels.