La tension monte en Thaïlande, le long des digues et des écluses qui protègent le centre de Bangkok des inondations. Les résidents des quartiers périphériques en ont visiblement assez d’avoir de l’eau jusqu’aux genoux, pour que le centre ville de Bangkok reste au sec.
La Premier ministre Yingluck Shinawatra avait dans un premier temps annoncé avoir donné l’ordre d’ouvrir plus largement les écluses qui protègent Bangkok pour faciliter l’écoulement des eaux vers la mer, tout en demandant à ce que le flot ne déborde pas dans le centre de Bangkok. Yingluck Shinawatra a aussi dit espérer que les eaux puissent s’écouler plus rapidement à partir de maintenant, les très fortes marées annoncées pour le week end étant passées.
Mais cette promesse s’est heurtée à la nécessité de protéger le centre ville de Bangkok, notamment le quartier des affaires de Sathorn, et celui de Sukhumvit qui reste le centre névralgique de l’économie thaïlandaise.
Protéger la dernière zone industrielle de Bangkok encore opérationnelle
D’autre part le gouvernement cherche aussi à sauvegarder le Bang Chan Industrial Estate, qui avec plus de 200 milliards de bahts d’investissement, est l’un des rares domaines industriels qui n’est pas encore affecté par les inondations.
Certains résidents des quartiers nord de Bangkok, mécontents de ne pas voir le niveau d’eau baisser plus rapidement derrière les digues qui protègent Bangkok, se sont armés de pioches et de bêches pour percer des brèches dans les barrages. Des affrontements avec la police ont eu lieu, avant que le gouvernement n’accepte finalement d’ouvrir plus largement les vannes qui régulent l’évacuation vers les canaux qui traversent Bangkok vers la mer.
Les tentatives de la dernière chance pour sauver Bangkok en ouvrant les vannes pour inonder les quartiers périphériques reflètent une certaine mentalité de l’élite thaïlandaise. Une fois encore, Bangkok est un symbole politique, celui de l’élite qui dirige le pays. D’autres provinces ont souffert à plusieurs reprises des inondations, mais Bangkok est protégée à tout prix. Un exemple de plus de la disparité de statut et de droits entre les habitants des zones rurales et les habitants de la capitale.
estime Pavin Chachavalpongpun du Singapore’s Institute of Southeast Asian Studies (Institut d’études du Sud-Est asiatique de Singapour).
Pour cet analyste de la vie politique en Thaïlande, les inondations ont une nouvelle fois souligné les divisions de la société thaïlandaise
La bataille continue entre le gouvernement et ses ennemis, même au plus fort de la crise, et révèle une sombre réalité: la Thaïlande est une société profondément divisée dans laquelle l’idéologie politique l’emporte sur la responsabilité publique, et même l’urgence de la survie nationale. Le conte de fées d’une Thaïlande unie a pris fin depuis longtemps. L’élimination des adversaires politiques, même au détriment des intérêts de la nation, est devenue acceptable.
Une amélioration attendue de la situation
Les grandes marées, qui ont fait grimper le niveau du fleuve Chao Phraya à des niveaux record ce week-end, (plus de 2 mètre 60 au dessus du niveau de la mer) ont compliqué l’écoulement des eaux qui déferlent vers la mer depuis le centre du pays. Mais un rapport du Centre des opérations de secours a déclaré que le niveau d’eau en provenance de la province de Nakhon Sawan est maintenant en baisse. Le Département royal de l’irrigation est désormais en mesure de faire baisser le niveau d’eau dans le barrage de Chao Phraya, pour aider à réduire le niveau de l’eau sur les rives du fleuve à Bangkok.
S’exprimant au Centre des opérations de secours, désormais sur Vibhavadi Rangsit Road depuis que le quartier de Don Mueang est inondé, le premier ministre a estimé que la situation des inondations dans la ville est restée stable et qui s’il n’y avait plus de destruction des barrières contre les inondations, la situation devrait s’améliorer progressivement.