A en croire une certaine presse Bangkok est submergée par le déluge, et sous la menace imminente des serpents et des crocodiles, peut-on apprendre en ce moment grâce à ce merveilleux outil d’information qu’est internet.
Thaïlande : Bangkok sous la menace des crocodiles et des serpents
Son poids : 400 kg. Sa taille : trois mètres de long. Profitant des inondations qui, depuis des semaines, ravagent la Thaïlande, le molosse s’était évadé d’un élevage de crocodiles, situé à Pattaya, à une centaine de kilomètres de Bangkok.
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A une centaine de kilomètres de Bangkok, ouf… je respire parce que ce matin en partant au travail j’ai oublié de prendre mon fusil à lunette, mon poignard et mon chapeau en cuir façon Paul Hogan (Crocodile Dundee).
Un déluge… d’informations contradictoires
Plus sérieusement, il devient de plus en plus difficile à Bangkok de se faire une opinion à peu près raisonnable sur ce qui va se passer dans les prochaines 48 heures, qui une fois de plus s’annoncent décisives, puisqu’elles vont coïncider avec une période de pleine mer qui risque de pousser le Chao Praya vers le haut.
Le gouverneur de Bangkok, avec son tact habituel, a diffusé son énième communiqué « critique » sur la situation:
Le gouverneur de Bangkok M. Sukhumbhand Paribatra a décrit la situation des inondations à Bangkok comme à un point de crise maximum, signalant la défaite de la capitale face aux forces de la nature.
M. Sukhumbhand a pour la première fois déclaré que les résidents de Don Muang et Bang Plat devaient être évacués d’urgence. Le gouverneur de Bangkok a demandé aux Bangkokiens ne pas paniquer, en disant que le niveau d’inondation augmenterait petit à petit.
De son coté, le porte-parole du FROC (Flood Relief Operations Center), Thongthong Chantarangsu a déclaré que des quantités massives d’eau de ruissellement étaient en chemin vers la capitale, en provenance des provinces voisines, pour se jeter à la mer.
Les niveaux d’inondation pourraient varier entre 10 centimètres et 1,5 mètre selon les zones. Les inondations pourraient durer de quinze jours à un mois.
Franchement, prévoir entre 10cm et 1,5 mètres d’eau dans Bangkok, est ce que ce n’est pas un peu noyer le poisson, ou parler pour ne rien dire.
Bangkok noyé … par les rumeurs
Avec ça, difficile de faire autre chose que de se ruer sur les rayons d’eau en bouteille et de nouilles instantanée, et c’est d’ailleurs ce qu’on fait la plupart des habitants de Bangkok, provoquant de sérieux problèmes d’approvisionnement dans la plupart des grandes surfaces et 7/11 de la capitale.
Cette carte publiée par le Bangkok Post estime que l’eau pourrait atteindre une hauteur comprise entre 10cm et 1 mètre dans le centre de BangkokPourtant selon Bhichit Rattakul, ancien gouverneur de Bangkok, et directeur du Asian Disaster Preparedness Center, le scénario du pire est loin d’être certain:
Le principal problème en ce moment à Bangkok (centre) ce ne sont pas les inondations mais l’approvisionnement parce que les gens ont paniqué et stocké. Ce qu’on lit dans les journaux c’est toujours le scénario du pire: pour que le centre ville se retrouve avec de l’eau jusqu’à la taille, il faudrait que tout le système se dérègle en même temps. Que la digue qui protège la ville au nord s’effondre et que la station de pompage de Phra Kanong tombe en panne. Je peux vous assurer que dans le centre ville de Bangkok, vous n’aurez pas plus de 20 cm d’eau.
Alors qui croire ? Il est certain que la communication n’aura pas été le point fort du gouvernement pendant cette gestion de crise. Une crise qui a aussi son aspect politique, puisque dès le départ le gouverneur de Bangkok a décidé de faire cavalier seul et de se démarquer du FROC (Flood Relief Operations Center) qui représente la position du gouvernement.
Les inondations révélatrices d’un conflit politique
Dès le début des inondations, M. Sukhumbhand a déclaré: «Écoutez-moi et seulement moi. Je vais vous dire quand il faut évacuer. »
Les tentatives de la dernière chance pour sauver Bangkok en ouvrant les vannes pour inonder les quartiers périphériques reflètent une certaine mentalité de l’élite thaïlandaise. Une fois encore, Bangkok est un symbole politique, celui de l’élite qui dirige le pays. D’autres provinces ont souffert à plusieurs reprises des inondations, mais Bangkok est protégée à tout prix. Un exemple de plus de la disparité de statut et de droits entre les habitants des zones rurales et les habitants de la capitale.
estime Pavin Chachavalpongpun dans le Wall Street Journal
Aujourd’hui le Premier ministre est l’objet de toutes les critiques: Yingluck Shinawatra, n’a pas réussi à imposer une approche intégrée et cohérente pour gérer la crise. Elle n’a pas reçu la coopération de toutes les entités nécessaire: ni le gouverneur de Bangkok Sukhumbhand Paribatra, qui est membre de l’opposition du Parti démocrate, ni l’armée ne semblent lui obéir complètement, et en temps de crise grave pour la Thaïlande, son manque d’autorité pose problème.