La Thaïlande pourrait payer très cher son manque de préparation aux inondations qui ont ravagé le pays ces dernières semaines. La facture des inondations en Thaïlande s’alourdit en fait un peu plus chaque jour, et pourrait atteindre les 400 milliards de baht (9,5 milliards d’ euros) alors que les crues continuent encore à faire des victimes et à perturber la chaîne d’approvisionnement.
Selon les dernières estimations de la Chambre de commerce thaïlandaise le coût des inondations pour l’économie thaïlandaise pourrait atteindre les 400 milliards de baht, avec un surcoût possible de 120 milliards de baht par mois supplémentaires si les zones d’affaires de Bangkok sont inondées.
Une crise qui pourrait encore durer « de quatre à six semaines »
La Premier ministre, Yingluck Shinawatra, a prévenu que la crise pourrait durer « de quatre à six semaines », appelant les habitants de la capitale à se préparer à des inondations dans les prochains jours.
Les conséquences sur le secteur touristique sont encore difficiles a quantifier: selon l’Association des agents de voyage thaïlandais (ATTA) citée par l’AFP, les réservations sont en baisse de 70% mais l’Autorité du tourisme de Thaïlande a dénombré seulement 25% d’annulations.
Les constructeurs automobiles japonais à eux seuls font seul face à des pertes estimées à 500 millions de dollars alors que les dégâts risquent de les contraindre à suspendre leurs opérations pendant plusieurs mois.
Des pertes de 500 millions de dollars pour les constructeurs japonais
Toyota, le plus grand constructeur automobile du Japon, a décidé de prolonger l’arrêt de sa production pour une autre semaine jusqu’au 28 octobre.
Le vice-président senior de Toyota Motor en Thaïlande, Vudhigorn Suriyachantananont a annoncé vendredi que la production des trois usines de Samrong, Gateway et Ban Pho sera interrompue pendant la semaine du 24 au 28 octobre, faisant suite à deux semaines consécutives de suspension suite à la perturbation de l’approvisionnement en pièces d’automobile à la suite d’inondations.
Les usines de Toyota en Thaïlande, les troisième plus importantes en dehors du Japon, après les États-Unis et la Chine, ont produit 630 000 véhicules en 2010, avec des modèles aussi connus que la Camry et la Corolla. La Thaïlande représente plus de 8 % de la production mondiale du constructeur, qui s’élevait à 7,6 millions de véhicules.
Honda Motor a également suspendu la production dans son usine de Rojana, en Ayutthaya, depuis le 4 octobre. L’usine est la plus grande unité de production automobile Honda en Asie du Sud avec une production annuelle de 240 000 véhicules, y compris la Brio, une voiture compacte lancée cette année pour le marché asiatique.
Le coup sera certainement difficile à encaisser pour un pays qui se présente souvent comme le « Detroit de l’Asie du Sud-Est » et qui ambitionne de devenir le 10e constructeur mondial d’ici 2020. La Thaïlande est un pays dont le PIB dépend à plus de 65% des exportations (composants informatiques, automobiles sont au premier plan) et le désastre actuel avec les rupture de stocks qu’il entraine pourrait bien pousser certains fournisseurs à déménager.
14.000 usines fermées, 670.000 employés au chômage
Le ministère de la Protection du Travail et des Affaires sociales (DLPW) a déclaré qu’en ce moment, 14 000 usines sont inondées et plus de 670 000 personnes sont touchées, c’est à dire en chômage technique pour une durée indéterminée.
«L’impact est plus grand que le tsunami [qui a frappé le Japon en mars]. La FTI est en train d’évaluer les dommages et proposera des mesures pour aider les travailleurs et les entreprises », a déclaré Payungsak Chartsuthipol, président de la Fédération des industries thaïlandaises (FTI).
Les zones industrielles d’Ayutthaya et de Pathum Thani, lieux majeurs de production de composants électronique et de pièces automobiles sont inaccessibles, et leur paralysie risque de provoquer des pénuries dans les industries informatiques et automobiles, perturbant la production mondiale de ces deux secteurs.
Krungsri Recherche (banque) s’attend à ce que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement en électronique continuent jusqu’au deuxième trimestre de 2012. Bien que la plupart des usines à l’échelle nationale ont évité les inondation, beaucoup sont en rupture de stocks de composants, et fermées car les employés ne peuvent plus se rendre au travail par des routes inondées.
Les secteurs agricole et industriel sont les plus durement touchées. Alors que 8,4 millions de raï de champs de riz sont inondées, la perte de production annuelle sera de 3 millions de tonnes au moins.