La Thaïlande peut souffler : la communauté internationale n’est pas parvenue à un consensus sur l’usage du crime de lèse majesté.
A l’occasion de l’Examen Période Universel (EPR) organisé le 6 octobre 2011 par le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, les Etats Membres ont pu exprimer leurs vues sur l’usage de cette infraction en Thaïlande.
Alors que les représentants d’une douzaine de pays, dont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Australie ont dénoncé une atteinte à la liberté d’expression sous couvert de respect du monarque, d’autres voix importantes de la communauté internationale sont demeurées silencieuses.
La Chine, les Etats-Unis et la Syrie au secours du crime de lèse-majesté
Ainsi, bien que des pays tels que la Suisse, la Nouvelle-Zélande, l’Espagne, le Brésil ou la Suède aient joint le consensus tendant à critiquer les entraves à la liberté d’expression, les absences remarquées des Etats-Unis, de la Chine, ou de la Syrie dans la formulation d’une critique commune ont affaibli la position de la communauté internationale.
La critique formulée lors de l’EPR portait tant sur l’article 112 du Code Pénal thaïlandais que sur les articles 14 et 15 du Computer Crime Act, les deux fondements juridiques du régime de lèse-majesté en Thaïlande, qui font encourir une peine de 15 ans de réclusion à quiconque est condamné pour ce crime.
La Norvège, qui dispose également d’une telle infraction, a suggéré une modification du texte thaïlandais en invoquant sont propre exemple : en Norvège, un justiciable ne peut être poursuivi qu’avec l’aval personnel du roi.
Alors que le débat sur la lèse-majesté est à nouveau d’actualité en Thaïlande avec les procès en cours et à venir de Chiranuch Premchaiporn et Somyot Pruksakaemsuk, le silence des Etats-Unis apparaît particulièrement troublant.
Un citoyen américain détenu depuis quatre mois
D’autant plus troublant qu’un citoyen américain croupit en ce moment dans les prisons thailandaises en attendant d’être jugé pour lèse majesté. Joe Gordon, un citoyen américain natif de la Thaïlande, est emprisonné depuis quatre mois pour avoir apparemment traduit des passages d’une biographie non autorisée du roi Bhumibol Adulyadej et avoir diffusé des hyperliens vers ces traductions.
Le 27 septembre, un groupe de militants se sont rassemblés devant l’ambassade américaine à Bangkok pour demander au gouvernement américain de protéger les droits et libertés de ses citoyens, et notamment de Joe Gordon, détenu depuis 4 mois sur des accusations de lèse-majesté.