Les prochaines élections législatives en Thaïlande – les premières pour la chambre basse du parlement thaïlandais depuis mars 2019 – auront eu lieu le 14 mai 2023, après une longue période de tensions politiques et sociales entre les partisans du Premier ministre Prayut Chan-o-Cha, soutenu par l’armée, et les mouvements pro-démocratie qui réclament des réformes constitutionnelles et monarchiques.

Le mode de scrutin en Thaïlande est un système mixte qui combine le vote majoritaire et le vote proportionnel.

Un seul tour mais deux voix

Les électeurs thaïlandais élisent 500 députés au Parlement, dont 400 au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans autant de circonscriptions, et 100 au scrutin de liste à la représentation proportionnelle dans huit régions.

Chaque électeur dispose donc de deux voix, une pour le candidat de sa circonscription et une pour la liste régionale d’un parti.

Le sénat, joker des militaires

La Constitution de 2017, rédigée par une commission nommée par la junte militaire, consacre la mainmise de l’armée sur le pouvoir politique. Elle prévoit notamment que les 250 membres du Sénat soient désignés par le régime et qu’ils participent à l’élection du Premier ministre, aux côtés des 500 députés élus au suffrage universel.

Ainsi, les partis pro-militaires n’ont besoin que de 126 sièges à la Chambre basse pour former une majorité avec les sénateurs nommés, tandis que les partis d’opposition doivent en remporter 376 pour avoir une chance de faire élire leur candidat. En 2019, tous les sénateurs avaient voté pour Prayut, malgré le fait que son parti, le Phalang Pracharat, n’avait pas obtenu le plus grand nombre de sièges à la Chambre basse.

Une Commission électorale au service de la junte

Ensuite, la Commission électorale, également nommée par la junte, manque d’indépendance et d’impartialité. Elle est accusée de favoriser les partis pro-militaires et de harceler les partis d’opposition, en utilisant des lois répressives pour les disqualifier ou les dissoudre.

Par exemple, en 2020, elle a dissous le Parti du nouvel avenir (Future Forward Party), qui avait remporté plus de six millions de voix aux élections de 2019 et qui représentait une alternative crédible au régime. Elle a également interdit à son leader, Thanathorn Juangroongruangkit, de faire de la politique pendant dix ans, pour avoir prétendument violé la loi sur le financement des partis.

Une liberté d’expression sévèrement restreinte

Enfin, la liberté d’expression et de réunion est sévèrement restreinte en Thaïlande. Depuis le coup d’État de 2014, le régime a imposé une censure draconienne des médias et des réseaux sociaux, a arrêté plusieurs journalistes, et emprisonné des centaines d’activistes et de dissidents pour lèse-majesté, sédition ou violation de l’état d’urgence.

Face à cette situation, plusieurs organisations internationales de défense des droits humains ont appelé les pays démocratiques à faire pression sur le gouvernement thaïlandais pour qu’il respecte les principes fondamentaux d’un processus électoral libre et équitable.

Elles ont également demandé aux observateurs électoraux étrangers de surveiller attentivement le déroulement du scrutin et de dénoncer toute irrégularité ou fraude. Sans ces garanties, les élections du 14 mai risquent fort de n’être qu’une façade démocratique pour perpétuer le pouvoir autoritaire de l’armée en Thaïlande.

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