Si vous vivez en Thaïlande ou envisagez de visiter ce beau pays, vous avez peut-être remarqué que la qualité de l’air n’est pas toujours idéale.
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Selon IQAir, une entreprise suisse qui surveille la qualité de l’air dans le monde, la Thaïlande s’est classée 57e sur 131 pays pour sa concentration annuelle moyenne de PM2,5 en 2022. PM2,5 fait référence aux particules fines dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres et peut pénétrer profondément dans les poumons et la circulation sanguine, provoquant diverses maladies respiratoires et cardiovasculaires, ainsi que des cancers et des décès prématurés.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande que le niveau moyen annuel de PM2,5 ne dépasse pas 10 microgrammes par mètre cube (μg/m3), mais la moyenne de la Thaïlande était de 64 μg/m3 en 2022, plus de six fois plus élevée que la directive de l’OMS.
Mais pourquoi la qualité de l’air est-elle si mauvaise en Thaïlande ?
Quelles sont les principales sources de pollution et que peut-on faire pour l’améliorer ? Dans cet article, nous tenterons de répondre à ces questions et de vous donner quelques conseils pour vous protéger des effets nocifs de la pollution de l’air.
Les principales causes de la pollution de l’air en Thaïlande
Plusieurs facteurs contribuent à la mauvaise qualité de l’air en Thaïlande, mais certains des plus importants sont :
Agriculture et brûlage à ciel ouvert
La Thaïlande est l’un des plus grands producteurs et exportateurs mondiaux de riz, de canne à sucre, de caoutchouc et d’autres cultures. Cependant, de nombreux agriculteurs pratiquent encore le brûlage à ciel ouvert des résidus de récolte et des terres forestières pour défricher les champs et préparer la plantation. Selon les données satellitaires de la NASA, plus de 20 000 points chauds d’incendie ont été détectés en Thaïlande en mars 2020.
Cette pratique détruit non seulement des ressources naturelles précieuses, mais crée également d’énormes quantités de fumée et de brume qui peuvent parcourir de longues distances et affecter les régions et les pays voisins. Selon un rapport de la Banque mondiale, l’agriculture représente environ 18 % des émissions de PM2,5 en Thaïlande.
Facteurs saisonniers
La qualité de l’air en Thaïlande varie également en fonction de la saison et des conditions météorologiques. La saison sèche, qui dure de novembre à avril, est généralement la pire période pour la pollution de l’air, en particulier dans le nord de la Thaïlande. Cela est dû à la combinaison de faibles précipitations, d’une faible vitesse du vent, d’une humidité élevée et d’une inversion de température qui piège les polluants près du niveau du sol.
De plus, c’est aussi la saison de pointe pour les incendies agricoles et les incendies de forêt dans le nord de la Thaïlande et dans les pays voisins comme le Myanmar et le Laos, créant une épaisse couche de smog qui recouvre la région. Chiang Mai, l’une des destinations touristiques les plus populaires du nord de la Thaïlande, a souffert d’une grave pollution de l’air ces dernières années, atteignant des niveaux dangereux d’IQA (indice de qualité de l’air) supérieurs à 300 certains jours.
Production d’électricité à partir du charbon
Les centrales électriques au charbon sont l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques tels que le dioxyde de soufre (SO2), les oxydes d’azote (NOx), le mercure et les PM2,5. Selon un rapport de Greenpeace Asie du Sud-Est, les centrales électriques au charbon en Thaïlande ont émis environ 12 millions de tonnes de CO2 et 77 000 tonnes de PM2,5 en 2019, causant environ 1 550 décès prématurés et 31 000 cas d’asthme.
Industries manufacturières, de raffinage et minières
La Thaïlande possède un secteur industriel florissant, en particulier dans la fabrication, la construction et la production d’électricité. Cependant, de nombreuses installations industrielles manquent de contrôles et de réglementations appropriés sur les émissions, libérant des polluants tels que le dioxyde de soufre, les oxydes d’azote, le monoxyde de carbone et les particules dans l’air. Selon la même étude du Département de la lutte contre la pollution, l’industrie représente environ 25 % des émissions de PM2,5 à Bangkok.
Ces secteurs produisent également de grandes quantités d’émissions et de déchets qui polluent l’air, l’eau et le sol. Par exemple, un complexe pétrochimique dans la zone industrielle de Map Ta Phut, dans la province de Rayong, a été accusé de causer de graves problèmes environnementaux et sanitaires aux résidents voisins, qui ont signalé des taux plus élevés de cancer, de malformations congénitales et de maladies respiratoires. Le complexe émet plus de 100 types de substances dangereuses, dont le benzène, un cancérogène connu.
Émissions des véhicules
La Thaïlande compte un grand nombre de véhicules à moteur sur la route, en particulier des motos et de vieux camions et bus diesel qui émettent de la fumée noire. Selon le Pollution Control Department (PCD), les transports représentent environ 52 % des émissions totales de PM2,5 à Bangkok. Le PCD a également constaté que plus de 60% des véhicules inspectés à Bangkok ne respectaient pas les normes d’émission en 2019.
Les conséquences de la pollution de l’air en Thaïlande
Les effets de la pollution de l’air en Thaïlande ne sont pas seulement environnementaux mais aussi sociaux et économiques. La pollution de l’air peut avoir des effets négatifs sur la santé humaine, le tourisme, l’agriculture et l’éducation. Certains des effets incluent :
Augmentation de la morbidité et de la mortalité
La pollution de l’air peut causer ou aggraver diverses maladies telles que l’asthme, la bronchite, la pneumonie, la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et le cancer. Selon une étude de l’Université de Harvard et du King Mongkut’s Institute of Technology Ladkrabang (KMITL), la pollution de l’air a causé environ 49 000 décès prématurés en Thaïlande en 2018, coûtant environ 95 milliards de dollars ou 6,6 % du PIB.
Réduction des revenus touristiques
La pollution de l’air peut également dissuader les touristes de visiter la Thaïlande ou de rester plus longtemps, en particulier pendant la haute saison, lorsque la qualité de l’air est la pire. Cela peut affecter l’industrie du tourisme, qui représente environ 20 % du PIB et emploie environ 15 % de la main-d’œuvre. Selon une enquête du Kasikorn Research Center (KRC), environ 43% des touristes étrangers ont déclaré qu’ils annuleraient ou reporteraient leurs voyages en Thaïlande si la qualité de l’air était mauvaise.
Baisse du rendement des cultures
La pollution de l’air peut également endommager les cultures en réduisant la photosynthèse, en augmentant le stress hydrique et en augmentant la sensibilité aux ravageurs et aux maladies.
Comment se protéger de la pollution de l’air en Thaïlande
Bien qu’il ne soit pas possible d’éviter complètement la pollution de l’air en Thaïlande, vous pouvez prendre certaines mesures pour réduire votre exposition et protéger votre santé :
Vérifiez régulièrement l’indice de qualité de l’air (IQA)
Vous pouvez utiliser des sites Web ou des applications telles que IQAir ou AirVisual pour surveiller les niveaux d’IQA et de PM2,5 en temps réel à différents endroits en Thaïlande. L’IQA est une échelle qui va de 0 à 500 et indique à quel point l’air est sain ou malsain en fonction de divers polluants.
Plus l’IQA est élevé, plus l’air est nocif pour la santé. L’US EPA utilise six catégories de code couleur pour décrire les niveaux d’IQA : vert (bon), jaune (modéré), orange (malsain pour les groupes sensibles), rouge (malsain), violet (très malsain) et marron (dangereux). Vous pouvez utiliser ces catégories comme guide pour planifier vos activités de plein air en conséquence.
Portez un masque facial
Lorsque l’IQA est élevé ou que vous vous trouvez dans une zone polluée, comme à proximité de routes très fréquentées ou de zones industrielles, vous devez porter un masque facial capable de filtrer les particules PM2,5.
Tous les masques ne sont pas efficaces contre les PM2,5, vous devez donc rechercher des masques qui ont un indice N95 ou N99 ou équivalent. Ces masques peuvent filtrer respectivement au moins 95 % ou 99 % des particules PM2,5. Vous devez également vous assurer que le masque s’adapte bien à votre visage et couvre correctement votre nez et votre bouche.