Après plus de quatre ans passés en détention provisoire dans des conditions inhumaines, le journaliste indépendant Le Anh Hung a été condamné mardi 30 août à une lourde peine de réclusion.
Reporters sans frontières (RSF) déplore une instrumentalisation des procédures judiciaires et dénonce une nouvelle condamnation arbitraire de la part des autorités vietnamiennes, qui cherchent à annihiler toute voix critique.
“La cruauté et l’arbitraire des autorités de Hanoï semblent ne plus connaître de limite. Après l’avoir interné de force et lui interdire catégoriquement de voir ses proches, voilà que la condamnation de Le Anh Hung est prononcée dans un silence assourdissant”, s’afflige le bureau Asie-Pacifique de RSF. Nous appelons la rapporteuse spéciale sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, Alice Jill Edwards, à agir pour la survie des 38 journalistes vietnamiens actuellement emprisonnés”.
Le journaliste indépendant Le Anh Hung, a été condamné à cinq ans de réclusion criminelle le 30 août par un tribunal de Hanoï, la capitale du pays. Détenu depuis quatre ans, il était inculpé pour “abus de libertés démocratiques” et “atteinte aux intérêts de l’État”, sur la base d’une violation de l’article 331 du Code pénal vietnamien.
Empêché de voir sa famille depuis trois ans
Sa famille n’a pas été autorisée à assister au procès, ni même été prévenue de la date du jugement. Sa propre mère n’a pas été informée du verdict. C’est seulement lorsqu’elle a appelé le 6 septembre, soit une semaine après le verdict, pour avoir de ses nouvelles que les autorités lui ont appris que son fils était condamné. Agé de 49 ans, le journaliste avait refusé d’être défendu par un avocat et les autorités n’ont visiblement pas jugé utile de prévenir ses proches.
Arrêté le 5 juillet 2018, Le Anh Hung est resté quatre longues années dans l’attente de son verdict. C’est l’une des plus longues périodes de détention provisoire pour un journaliste au Vietnam, où 38 professionnels des médias sont emprisonnés, selon le baromètre RSF. Compte tenu de la lenteur extrême de la procédure, le journaliste n’a théoriquement plus qu’un an à passer derrière les barreaux.
Au lendemain de sa condamnation, sa mère a cherché à le voir. Elle s’est présentée à la prison Hoa Lo Prison No. 1 pour lui apporter de l’argent, mais les autorités pénitentiaires lui ont refusé le droit de visite. Cela fait maintenant trois ans que la famille de Le Anh Hung fait face à des refus systématiques et catégoriques. Son cas n’est pas isolé : le mois dernier, la famille de la journaliste Pham Doan Trang a été interdite d’assister au procès à l’issue duquel le tribunal a confirmé sa peine de neuf ans de prison.
Journaliste ciblé pour ses publications critiques
Le Anh Hung est un collaborateur régulier de la radio Voice of America, pour laquelle il publiait sur le site Internet. Journaliste politique, ses articles dénonçaient la corruption et la mainmise de l’État parti au pouvoir. Il s’en prenait régulièrement à Hoang Trung Hai, ancien vice-premier ministre et ancien ministre de l’industrie, qu’il accusait de corruption, d’abus de pouvoir et d’espionnage au profit de la Chine.
Trois jours avant son arrestation, le journaliste indépendant avait publié une lettre ouverte devenue virale sur sa page Facebook. Il y fustigeait la politique du gouvernement et proposait une révision du projet de loi sur l’établissement de « zones économiques spéciales », dans trois régions du Vietnam. Ce projet, largement vilipendé par la population, était à l’origine de nombreuses manifestations réprimées dans la violence.
Le Anh Hung est également militant au sein d’organisations de défense de la liberté de la presse et de la liberté d’expression. Il était notamment actif au sein de la Independent Journalists Association of Vietnam et de la Brotherhood for Democracy, deux organisations interdites par le Parti communiste vietnamien et dont les membres sont traqués et emprisonnés.
Conditions de détention inhumaines
Le Anh Hung a été arrêté et d’abord enfermé dans un hôpital psychiatrique de Hanoï pendant trois ans et dix mois. Ses tentatives répétées pour expliquer être en bonne santé, n’ont servi à rien. Déterminées à l’anéantir, les autorités sanitaires l’ont attaché à son lit, l’ont régulièrement battu et l’ont bourré de médicaments. En avril, sa mère s’indignait publiquement du doublement des doses qui lui étaient administrées. Depuis le mois de mai, il est de retour à la prison de Hoa Lo Prison No. 1, en attente de son procès.
Le Anh Hung a été arrêté en 2018, la même année que son collègue Do Cong Duong. Inculpé sur la même base “d’abus de libertés démocratiques”, ce dernier a vu sa santé se dégrader considérablement au cours de sa détention. Du fait des privations de soins, Do Cong Duong est décédé le mois dernier en prison.
2 comments
C est une dictature communiste comme la Chine comment pourrait il en être autrement ?
ordures communistes vietnamiennes, il faut les châtier définitivement , l’Occident a le matériel pour.
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