En vain, les citoyens et citoyennes transgenres tentent de faire entendre raison au gouvernement thaïlandais quant au changement de genre sur les papiers d’identité, qui est aujourd’hui impossible.
Si la Thaïlande est connue pour son accès peu coûteux et simple aux opérations chirurgicales de changement de sexe, les droits des personnes transgenres dans le pays sont encore limités, surtout en ce qui concerne l’état civil.
Dans le rapport » ‘People Can’t Be Fit Into Boxes’ : Thailand’s Need for Legal Gender Recognition« , publié le 16 décembre dernier, les auteurs ont souligné que l’absence de reconnaissance légale du genre, ainsi que le manque de protections juridiques limitent au quotidien les personnes transgenres.
Bien souvent, ces dernières n’ont pas accès à des services vitaux et souffrent de discriminations dans la vie de tous les jours.
L’étude rapporte notamment l’histoire d’une femme transgenre opérée d’urgence pour une appendicite qui a été placée dans le service des hommes : « Toutes les mauvaises choses de ce type m’arrivent à cause d’un seul mot sur mon document – mon marqueur de genre », a-t-elle regretté.
Le genre sur les papiers d’identité
En effet, dans le pays, si ces citoyens et citoyennes ont le droit de changer de nom, ils ne peuvent changer le genre assigné à la naissance inscrit sur leurs papiers d’identité. Malgré l’adoption de la loi sur l’égalité des sexes en 2015, le Comité de détermination des discriminations injustes fondées sur le genre a relevé 27 cas de ces discriminations entre 2016 et 2019 et aucun des accusés n’a été reconnu coupable.
« Garantir les droits des personnes transgenres à la non-discrimination, à l’éducation, aux soins de santé et à l’emploi est primordial pour toute vision de l’égalité. Même si la reconnaissance légale du genre n’atténuera pas toutes les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes transgenres en Thaïlande, c’est une étape cruciale vers l’égalité et la non-discrimination”, a souligné Kyle Knight, chercheur sur les droits LGBT pour Human Rights Watch.
“Les fonctionnaires m’ont demandé comment j’ai eu mon pénis.”
Dans l’étude publiée récemment, un homme transgenre a raconté l’humiliation qu’il a subie lorsqu’il a souhaité remplacer sa carte d’identité perdue : “Les fonctionnaires m’ont demandé comment j’ai eu mon pénis, et s’il était vraiment possible de devenir un homme transgenre”, a expliqué ce thaïlandais de 27 ans.
Ces discriminations quotidiennes sont également très présentes dans le monde du travail en Thaïlande. Certains employeurs – par exemple – demandent à leurs employés de s’habiller selon les codes de leur genre assigné à la naissance.
D’autres ne cachent pas qu’ils ne se penchent sur aucune candidature déposée par une personne transgenre… Ces discriminations à l’emploi cantonnent – par conséquent – ces citoyens à des milieux professionnels précis tels que le travail du sexe et l’esthétique. « Le gouvernement thaïlandais doit intervenir et faire de la reconnaissance légale du genre une réalité en Thaïlande”, a insisté Kyle Knigt.