Sans doute moins promis à la victoire que les têtes de liste du Parti Démocrate et du Pheu Thai, Chuwit Kamolvisit reste un personnage de premier plan de la vie politique et médiatique thaïlandaise.

Son parcours atypique, sa gouaille ainsi que son franc-parler le démarque ostensiblement de tous les autres candidats.

C’est dans le business assez répandu en Thaïlande, des massages parlors (salons de massage) qu’il fit fortune, sorte de gigantesques lupanars où les massages pratiqués ne sont qu’un prétexte.

Chuwit, salon de massage
Chuwit, en compagnie de son personnel (photo antérieure à 2004)

Il contrôle alors le Davis Group, exploitant six établissements situés sur Rachadapisek (Copacabana, Victoria’s Secret, Honolulu, Hi Class, Emmanuelle and Julianna) avec plus de 600 employés et un chiffre d’affaire annuel estimé à un milliard de baht (environ 23 millions d’euros).

Excédé par les pots de vins et les services gratuits qu’ils devaient offrir aux forces de l’ordre, il n’hésita pas à divulguer à la presse les noms des bénéficiaires. Il a également fait un séjour d’un mois en détention provisoire pour avoir fait détruire illégalement des dizaines de bars et magasins sur un terrain lui appartenant, pour pouvoir l’exploiter lui même.

Alors désireux de lutter contre la corruption, il vend ses 6 établissements de massages et se lance en politique.

Par deux fois, en 2004 et 2008, il se classa troisième pour le prestigieux poste de gouverneur de Krung Thep. En 2005, sous l’étiquette du parti Chart Thai, il se fait même élire à la chambre basse du parlement.

Moins d’une année plus tard, en janvier 2006, il est révoqué de son siège de représentant pour avoir intégré ce parti moins de 90 jours avant les élections.

Plein d’abnégations, le voilà de retour pour les élections du 3 juillet sous la bannière de son nouveau parti : Love Thailand (Rak Prathet Thaï). Celui qui a été élu l’homme de l’année en 2004 par le journal The Nation entend bien se faire élire une nouvelle fois au parlement.

Pour être choisi, sa stratégie politique est simple. Non seulement faire parler de lui mais montrer sa différence. Son programme politique assez mince a pour point principal la lutte contre la corruption.

Tous les problèmes du Royaume seraient pour lui conséquences de la corruption, et il entend bien être le principal adversaire de l’élite politique thaïlandaise qu’il juge inefficiente.

En s’autoproclamant gardien du peuple et en lançant sa croisade contre la corruption, son ambition, tout comme son ego, n’est pas mince. Son nouveau parti, qui ne présentera que 10 candidats dans tout le pays, ne devrait pas beaucoup peser dans la lutte. Et si Chuwit venait à gagner un siège, il se retrouverait seul, isolé politiquement, à se battre et gesticuler face à tous les autres partis, ce qui lui conviendrait pleinement.

Pourtant, celui qui a récemment déclaré dans une interview au Bangkok Post « qu’il n’était pas superman » (sic.), croit plus que jamais en son combat, bien soutenu par son fidèle Bull terrier prénommé moto moto, le meilleur symbole de loyauté et d’honnêteté selon lui.

Sa campagne publicitaire dans les rues de la capitale détonne comparé au modèle bcbg des autres candidats et à la mérite d’attirer le regard, voire de faire sourire. Voulant informer le monde de ce qui se passe en Thaïlande, il va prochainement lancer une nouvelle campagne d’affichage en anglais dans les quartiers fréquentés par les étrangers.

Suivant les sondages déjà réalisés, il est crédité d’environ 2% des intentions de vote. Il ne viendra donc pas jouer les trouble-fêtes dans la compétition mais son rôle de trublion comique lui convient.

Assez populaire et aimé auprès de la jeunesse thaïe, et grâce à un possible vote contestataire de ceux qui en ont plus que ras le bol des clones et autres marionnettes, et ceux là sont nombreux, il pourrait bien glaner plus que les 2% qui lui sont promis au soir du 3 Juillet.

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