Plus de 80 manifestants ont été tués et 2000 personnes arrêtées depuis le 1er février, lorsque les généraux birmans ont pris le pouvoir et ont emprisonné des dirigeants civils élus, dont la conseillère d’État Aung San Suu Kyi.

Ari Ben-Menashe et son cabinet, Dickens & Madson Canada, auront cependant la délicate mission de représenter le gouvernement militaire du Myanmar à Washington et de faire campagne auprès de l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Israël et la Russie, ainsi que des organismes internationaux comme les Nations Unies, selon un accord de communication signé avec la junte birmane.

«expliquer la situation réelle dans le pays»

Le cabinet de consultants israélo-canadien engagé par la junte birmane a signé un contrat de deux millions de dollars avec la junte birmane pour «aider à expliquer la situation réelle» du coup d’État et de l’armée aux États-Unis et dans d’autres pays.

La firme montréalaise «aidera à l’élaboration et à l’exécution de politiques pour le développement bénéfique de la République de l’Union du Myanmar, et aidera également à expliquer la situation réelle dans le pays», lit-on dans les termes de l’accord rendus public par Reuters, et soumis lundi au Département de la justice dans le cadre du respect de la loi américaine sur l’enregistrement des agents étrangers.

Un porte-parole du gouvernement militaire du Myanmar n’a pas répondu aux demandes de commentaires de Reuters.

Le portefeuille de clients de Ben-Menashe – qui comprend le défunt dirigeant zimbabwéen Robert Mugabe – a déjà attiré l’attention des médias.

Sanctions américaines

En travaillant pour l’armée birmane, les experts juridiques pensent que Dickens & Madson risque de violer la règlementation sur les sanctions américaines imposées aux principaux généraux.

Ben-Menashe a déclaré samedi à Reuters que sa tâche était de convaincre Washington que les généraux du Myanmar souhaitent se rapprocher de l’Occident et s’éloigner de la Chine.

Il a déclaré qu’ils voulaient réinstaller aussi les musulmans rohingyas qui ont fui un conflit meurtier depuis 2017 pour lequel les Nations Unies ont accusé l’armée birmane de superviser un génocide.

«Il est hautement improbable qu’il puisse convaincre les États-Unis du récit qu’il propose», a déclaré John Sifton, directeur du plaidoyer pour l’Asie à Human Rights Watch.

Les documents soumis par Ben-Menashe montraient que l’accord avait été conclu avec le ministre de la Défense de la junte, le général Mya Tun Oo, et que le gouvernement paierait 2 millions de dollars à son entreprise.

Problèmes juridiques

Mya Tun Oo et d’autres généraux de haut niveau ont été sanctionnés par le département du Trésor américain et le gouvernement canadien, de sorte que les documents indiquent que le paiement sera effectué «lorsque la loi le permet».

Ben-Menashe a déclaré qu’il entendait représenter le gouvernement du Myanmar plutôt que le général en tant que personne.

Mais les documents fournis par Ben-Menashe montrent qu’il traite directement avec Mya Tun Oo et promet de faire pression pour que les sanctions soient levées.

Il aurait donc du mal à faire valoir qu’il n’intervient pas au nom d’une personne sanctionnée par les Etats-Unis, a déclaré Peter Kucik, ancien conseiller principal en sanctions au Trésor américain. .

Le département du Trésor américain a refusé de commenter.

Ben-Menashe a déclaré qu’il avait reçu des conseils selon lesquels il aurait besoin de licences spéciales du Bureau du contrôle des actifs étrangers (OFAC) du Trésor et du gouvernement canadien pour accepter le paiement, mais qu’il n’enfreindrait pas la loi en faisant pression pour la junte.

« Il y a des détails techniques ici, mais nous laisserons aux avocats et à l’OFAC le soin de s’en occuper », a-t-il déclaré, ajoutant que ses avocats étaient en contact avec des fonctionnaires du Trésor.

2 comments
  1. « Le coup d’État pour les Nuls », c’est le titre du bouquin qui sortira ensuite…

  2. Les generaux Birmans sont les marionnettes de la Chine qui pille les richesse du pays

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